Essai ALFA ROMEO 147
Jean-François Destin le 01/11/2000
La renaissance d'Alfa Romeo se poursuit au travers d'une 147 à la fois séduisante et excitante. Sa finition et sa rigueur de construction sont quasi germanique !
Design
Auteur de toutes les Alfa Romeo du renouveau (depuis la 156 jusqu'à la 166 en passant par le break loisirs 156 " Sportwagon "), le designer Walter Da Silva a eu le temps d'achever la 147 avant de partir chez Seat. Sans aucun artifice superflu (aileron, becquet, spoiler, baguettes latérales etc...), il a su rappeler quelques traits des légendaires Giulia et Giulietta des années 60 (notamment la haute calandre verticale en V) tout en offrant à l'italienne une silhouette compacte à la fois racée, sportive et exclusive.
Un dessin pur et sans compromis expliquant une habitabilité arrière limitée, un coffre de capacité moyenne (280 dm3 mais jusqu'à 1030 dm3 en rabattant les sièges) pour la catégorie et un seuil de chargement assez haut. Une carrosserie craquante qui, au Mondial de Paris, a fait l'unanimité auprès des hommes comme des femmes.
Habitacle
Alfa Romeo a mis la barre très haut en matière de présentation intérieure. Un progrès tel que l'intérieur de la 156 risque d'en pâtir. Le grainage du plastique de la planche de bord, le soin apporté à la fabrication des commandes, l'intégration précise des inserts façon alu tout comme les selleries (au choix du client) et le superbe volant à la jante recouverte de cuir perforé ne peuvent pas décevoir les anciens alfistes comme les jeunes épris d'un environnement attractif, gai et sportif. Seul l'entourage plastique des cadrans (parfois difficiles à lire) aurait mérité un meilleur traitement.
Bien dessinés et assurant un maintien latéral parfait, les sièges avants " semi-baquet " contribuent au confort de la position de conduite. Pratiques et à mémoire, ils se rabattent et s'avancent automatiquement pour faciliter l'accès à l'arrière des modèles 3 portes. Des places arrières peu confortables en raison de la verticalité des dossiers et d'une suspension " sportive ".
Liaisons au sol
Posée sur la plate-forme raccourcie de la 156, l'Alfa 147 a été définie pour offrir un châssis digne de la légende Alfa. Elle emprunte à son aînée sa suspension originale avec à l'avant, un quadrilatère haut (formé de deux triangles superposés) et à l'arrière, un système McPherson à bras asymétriques. Cette géométrie a été retenue pour optimiser l'adhérence des pneumatiques et accroître la motricité et la précision de placement du train avant. A ces qualités dynamiques palpables, dès les premiers kilomètres, s'ajoutent une excellente rigidité et une filtration correcte des inégalités du sol.
Moteur
De tous temps réputée pour le brio de ses moteurs, la marque au trèfle ne déroge pas à la tradition. Cependant, les trois motorisations à essence qui bénéficient de la technologie Twin Spark (double allumage) voient leur tempérament naturel un peu muselé par le poids élevé (1.2 tonne) de la voiture. C'est surtout vrai avec le 1600 cm3 de base dont les 105 chevaux ne procurent pas la vivacité sportive espérée.
Les choses s'arrangent nettement avec la même version 1600 cm3 portée à 120 chevaux. Mais on ne vous surprendra pas en assurant que la 2l Twin Spark de 150 chevaux répond le mieux à la vocation véloce de l'Alfa 147. D'autant qu'il est couplé en série avec la boite mécanique robotisée Selespeed (une boite traditionnelle sera également disponible au printemps).
A noter que le très attendu JTD 110 (turbo diesel "common rail" de 110 ch (189 km/h et 33 secondes pour le 0 à 1000 m) arrivera au printemps 2001 en même temps que les versions 5 portes.
Boite Selespeed
Déjà montée sur les 156 Berline et break " Sportwagon ", la boîte Selespeed équipe en série la 147 2l 150 ch. Un " plus " évident pour ce modèle performant haut de gamme. Rappelons que cette boite mécanique classique hérite à la fois d'un embrayage robotisé (la pédale est supprimée) et d'une double commande séquentielle. Par un levier en lieu et place du levier habituel mais aussi par deux palettes fixées derrière le volant de part et d'autre de la colonne de direction. Aussi rapide et pratique qu'un clic de souris d'ordinateur, ce système à palettes inauguré sur la Ferrari Modena permet de monter et descendre les rapports sans quitter les mains du volant. Reste à rejoindre totalement la technologie de Maranello en réduisant le temps de réponse de la boîte.
Sécurité
Malgré le comportement routier et l'équilibre naturel de la 147, Alfa Romeo a cru bon, pour se hisser au niveau de la concurrence, de monter en série sur la 2.0 T.S Selespeed la plupart des barrières électroniques connues. On dispose ainsi de l'ASR (Anti Slip Regulation), un contrôle de traction -déconnectable- qui limite les pertes d'adhérence sur sol mouillé ou gras et le VDC (Vehicle Dynamic Control). Présent jusqu'ici uniquement sur l'Alfa 166 V6 de haut de gamme, ce système dernière génération n'intervient que lorsque la voiture atteint une situation critique pouvant engendrer une sortie de route.
Le VDC travaille en liaison avec un autre logiciel baptisé MSR (Motor Schlepp Regulung) qui a charge d'éviter le patinage et le blocage des roues lors de rétrogradages brutaux.
Enfin, si le VDC reste constamment en fonction, il existe une commande " off " pour limiter l'action de régulation de la trajectoire aux freins (toute la puissance restant disponible).
Equipements
Outre les équipements traditionnels, la 147 reçoit sur tous modèles six airbags (frontaux, latéraux et " window-bag "), le système anti-démarrage Alfa CODE II, l'air conditionné, le verrouillage centralisé des portes avec télécommande, les rétroviseurs extérieurs dégivrant à commande électrique, le volant et le pommeau du levier de vitesses gainés de cuir, l'autoradio RDS avec lecteur de cassette et la banquette arrière rabattable (60/40).
Le niveau " Distinctive " y ajoute la climatisation automatique, le CD avec commandes au volant, l'accoudoir central avant intégrant un rangement, le régulateur de vitesse et des jantes en alliage léger.