Essai ABARTH Punto SuperSport
Loïc Bailliard le 24/12/2012
Un look agressif, une fiche technique pleine de promesses et un nom qui sonne comme une incitation à la débauche : l'Abarth Punto Evo SuperSport est-elle à la hauteur de ses promesses ?
Présentation
Jusqu'à présent, le seul moyen d'exploiter au maximum la compacte de Fiat était d'opter pour la version Abarth puis d'installer en après-vente un kit Esseesse. Mais cette année, le constructeur a décidé de modifier quelque peu sa stratégie. Si les Abarth Punto Evo et le kit restent disponible, la marque le propose désormais en version usine sous l'appellation SuperSport.
Ceux qui font ce choix peuvent alors profiter de quelques spécificités visuelles, comme les bandes noires mat mettant en valeur la belle peinture grise « Campovolo » et rappelant les Abarth de la grande époque, une vitesse de pointe relevée à 216 km/h ou des jantes noires de 17 pouces.
Mais derrière ces effets de style, l'essentiel est commun avec les versions Esseesse. On retrouve ainsi le 4 cylindres turbo de 1,4 litres développant 180 ch et 270 Nm de couple. L'amortissement est toujours assuré par Koni et le grip par quatre pneus Pirelli P Zero. Voilà qui promet.
Malheureusement, si on apprécie initialement la polyvalence de la Punto grâce à son « manettino » permettant de passer d'un mode normal très doux à un mode sport bien plus rageur, on regrette vite qu'Abarth n'ait pas su choisir entre route et circuit.
D'un côté, l'amortissement très ferme dégrade franchement le confort sur petites départementales. Un défaut qu'on pourrait pardonner, comme à une Clio R.S. Cup, si la Punto Evo s'en tirait avec les honneurs sur circuit. Mais on est alors frustré par l'impossibilité de déconnecter l'ESP et le sentiment d'être bridé en permanence, ce qui contraint à adopter une conduite académique... mais pas forcement très fun.
Tout n'est pas décevant, bien sûr, et le côté rageur du moteur ainsi que l'excellente boite 6 permettent de passer de très bons moments au volant de cet engin attachant car bourré de caractère. On apprécie également de rouler dans une voiture finalement très rare sur les routes françaises. Mais à 21 990 €, l'Abarth Punto Evo SuperSport n'a malheureusement pas la moindre chance face à la Clio R.S.
Design extérieur et intérieur
Le look, c'est clairement l'un des points forts de la Fiat. La Punto Evo avait déjà joliment amélioré la ligne de la Grande Punto en 2009, et vient à son tour de profiter de quelques menues retouches. Mais une fois les logos Fiat remplacés par le fameux scorpion Abarth, rien à faire, le charme à l'italienne fait son effet.
Les ailes élargies enchâssant des jantes de 17 pouces noires spécifiques à cette version Supersport, le bouclier percé, le petit becquet surmontant le hayon, la double sortie d'échappement ou encore les optiques à fond noir : autant de détails qui virilisent la ligne sans tomber dans le mauvais goût. Et même si le thème gris à bandes noires (optionnelles) ajoute à cet effet, force est de constater que la Punto dégage une sérieuse impression de sportivité. En témoignent le « Whoaaaaaa, t'a vu cette bagnole ! » lancé par un enfant à son père dans une station service...
Une fois franchi le seuil de porte spécifique, la décoration est plus sobre et rien ne distingue cette SuperSport d'une Abarth classique. La qualité perçue et réelle a cependant fait un bon en avant par rapport à la Grande Punto et est acceptable. On pardonnerait de toute façon n'importe quoi une fois installé dans les excellents sièges baquets, ici dotés du cuir en série.
Les surpiqûres rouges et jaunes courant dans l'habitacle sont un joli clin d'œil aux couleurs d'Abarth et le volant à méplat réglable en hauteur comme en profondeur permet d'obtenir une bonne position de conduite. L'équipement est quant à lui très correct, avec Bluetooth à commande vocale et au volant, régulateur, rétroviseur électrochromatique ou capteurs de pluie.
Mécanique et châssis
Sous le capot, le moteur est donc repris directement des versions Esseesse. On retrouve donc le 4 cylindres 1.4 MultiAir, qui passe de 165 à 180 ch grâce à l'installation d'un turbo Garrett à géométrie fixe et d'un nouveau filtre à air. Cette puissance est développée assez tôt (5 750 tr/min) tandis que les 270 Nm de couple ne sont entièrement disponibles qu'à 2 500 tr/min.
Ces chiffres laissent présager une plage d'utilisation très réduite, mais dans la réalité la boîte à 6 rapports bien étagée en augmente un peu la souplesse. Malgré le start & stop, la consommation moyenne de 6,1 l/100 km revendiquée est parfaitement irréaliste. Comptez plutôt 8,5 litres avec un style enthousiaste, un peu moins pour les plus modérés.
On l'a dit plus haut, les jantes de 17 pouces sont chaussées par des Pirelli P Zero en 215/45 R17. Derrière elles, ont trouve des disques de freins élargis avec 305 mm mordus par 4 pistons à l'avant.
Côté suspension, l'Abarth Punto Evo Supersport profite du même kit Koni que les versions Esseesse. Ceux-ci se distinguent notamment par des ressorts spécifiques plus courts.
A lire aussi : les concurrentes
Sur la route
Les premiers kilomètres au volant de l'Abarth Punto Evo laissent une excellente impression. On rejoint tranquillement le circuit de la Ferté-Gaucher, se faufilant dans la circulation parisienne grâce à une direction et un moteur très souples dans ces conditions très classiques. Et si l'on se frotte les mains à l'approche de la piste, ce n'est pas simplement à cause de la température négative. Non, avec les promesses du blason et de la fiche technique, on a hâte d'en découdre.
Mais au moment de se lancer, un problème est vite apparent : impossible de trouver le bouton de l'ESP. Un coup d'oeil dans le manuel confirme alors une crainte : celui-ci est tout simplement non déconnectable ! Un comble pour une sportive, qui s'explique par un système de gestion du couple (afin d'en limiter les effets sur la direction) simulant une sorte d'autobloquant.
On passe tout de même en mode Sport et on profite d'une voiture qui s'éveille : la direction s'affermit, la réponse de l'accélérateur est immédiate et le moteur gagne encore en enthousiasme. Mais, malgré sa sonorité rauque qui gronde dans l'habitacle, le notre s'affaiblit au fil des tours de circuit.
Certes, la Punto est efficace, mais on est contraint à une conduite très académique pour ne pas allumer les voyants : freinage dégressif obligatoire jusqu'à faire pivoter la voiture, et accélération tranquille le temps d'ouvrir le volant.
Peut-être le circuit n'est-il le terrain de prédilection du scorpion ? Direction les départementales autour de la piste pour le vérifier ! Si on impose alors un bon rythme à la voiture, on s'étonne cependant du manque de tenue de l'amortissement. Il parvient à être trop ferme tout en subissant quelques rebonds désagréables. Retour au circuit, donc.
On finit cependant par trouver une méthode qui, à défaut d'être efficace, a le mérite de nous donner quelques fous rires. Un coup sec sur le frein à main en milieu de courbe permet de faire danser l'italienne et on apprécie alors la rapidité et la précision de la boite de vitesse pour « tomber un rapport » et garder un peu d'élan en s'extrayant du virage. Inutile mais très réjouissant.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation