Essai ABARTH 595 Competizione
Vincent Desmonts le 25/03/2019
Lancée en 2008, la bombinette Abarth est toujours au catalogue. Certes, elle a gagné des chevaux et bénéficié de menues évolutions techniques entre temps, mais onze ans, c'est long. Trop long ? Oui et non. Explications sur les routes mythiques du col de Turini.
La survivante
En 2008, Miss France s'appelait Valérie Bègue, Nicolas Sarkozy entamait la deuxième année de son quinquennat, « Bienvenue chez les Ch'tis » cassait la baraque au box-office et les Peugeot 207 et Renault Clio III régnaient sans partage sur le marché automobile français. 2008, c'est aussi l'année du lancement de l'Abarth 500, forte de 135 ch à l'époque. « Stylée et pleine de caractère », écrivais-je alors dans mon essai pour Motorlegend. Onze ans plus tard, les ingrédients sont les mêmes : plateforme, bloc moteur, planche de bord et style extérieur ont été à peine remaniés. Seul le dosage des épices a été modifié : le petit 1.4 turbo revendique désormais 145, 165, voire 180 ch sur cette version 595 Competizione, qui peut même bénéficier (en option) d'un différentiel autobloquant ! La néo-rétro 500 Abarth est donc presque plus rétro que néo, ce qui peut se comprendre à l'heure où le label au Scorpion fête ses 70 ans. Un anniversaire que nous avons choisi de fêter sur des routes parmi les plus mythiques de France : celles qui montent au col de Turini, haut lieu du rallye de Monte-Carlo. Comment la vénérable Abarth va-t-elle s'en sortir ?
Style à la carte
Elle soigne en tous cas toujours son look, et continue de mettre l'accent sur la personnalisation : le catalogue propose ainsi pas moins de quatorze coloris extérieurs, onze jantes alliage, trois types de sièges baquet, sept selleries et même... quatre teintes pour les étriers de freins avant ! Forcément, concocter une 595 selon ses moindres désirs a un coût : notre Competizione d'essai s'affichait ainsi à 32 140 € prix catalogue, sans compter les 2 300 € de malus écologique. Une note salée pour un joujou dont l'usage reste assez exclusif, avec ses places arrière étriquées et son coffre plutôt riquiqui (185 dm³). Une radicalité qui se confirme dès la mise en route : l'échappement « Record Monza » à quatre sorties n'est pas avare en décibels. Et les suspensions ultra-fermes viennent rappeler à chaque ralentisseur que cette Abarth est une sportive, une vraie ! Mais elle reste une citadine maniable, comme elle le montre lors des premiers kilomètres dans les rues de Nice. Compacte (3,66 m de long et 1,63 m de large), elle se faufile aisément et sa direction se révèle ultra-douce.
Un moteur volcanique...
En revanche, la position de conduite n'est pas optimale. Les sièges baquet Sabelt à coque en carbone sont très beaux, mais leurs dossiers sont trop fermes et ils imposent une assise étonnamment haute pour une sportive. Quant au volant, il ne se règle qu'en hauteur. Une fois le centre-ville derrière nous, on attaque les voies rapides, et la grande douceur de la direction se mue en imprécision. Il est alors préférable d'activer le mode Sport, qui réduit l'assistance et permet de retrouver un soupçon de consistance dans le volant. Le 1.4 T-Jet, lui, s'en donne à cœur joie. C'est un moteur turbo « à l'ancienne », avec un caractère on/off prononcé : en dessous de 3 000 tr/min, il ne se passe pas grand-chose, mais après... boum ! Les 180 ch et 250 Nm de couple catapultent la 595 Competizione, qui ne pèse que 1 065 kg à vide. Le 0 à 100 km/h est ainsi expédié en seulement 6,7 s, la petite Abarth laissant derrière elle un sillage de décibels rageurs. La boîte manuelle, qui ne compte que cinq rapports, dispose d'une commande plutôt précise et à la sélection rapide.
...desservi par un châssis brouillon
Enfin, nous voilà au pied du col de Turini. Les (rares) lignes droites et les côtes, la 595 Competizione n'en fait qu'une bouchée, aidée par sa légèreté et la vigueur de son petit moteur. En revanche, la situation se dégrade dès que le bitume n'est plus parfaitement plat : les roues surfent alors sur la route plus qu'elles ne roulent dessus, occasionnant pertes de motricité et aléas dans la tenue de cap. Trop ferme en compression et un peu trop lâche en détente, l'amortissement ne fonctionne bien que sur un tarmac parfaitement lisse. Quant aux épingles à cheveux, l'Abarth s'en accommode plus qu'elle ne s'en joue, avec sa direction muette et son tempérament plutôt sous-vireur que le différentiel autobloquant a du mal à juguler. Heureusement, les freins costauds et endurants supportent ce traitement de choc. Disons-le tout net : la 595 Competizione n'est clairement plus à la hauteur face aux GTI modernes, diablement plus efficaces. Et pourtant ! Il se dégage d'elle un curieux charme, celui d'une auto au caractère certes brouillon mais aussi bouillant. Ce côté quasi vintage pourra séduire celui qui recherche une deuxième ou troisième voiture qui dépote, tant en termes de sensations que de volume sonore. Ses défauts passeront alors pour des traits de personnalité devenus rares dans les automobiles modernes !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation