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- LES ÉNERGIES NOUVELLES ONT PLUS D'UN SIÈCLE
Rétromobile 2009
Les énergies nouvelles ont plus d'un siècle
Gilles Bonnafous le 11/02/2009
Dans un bel élan œcuménique, Rétromobile 2009 fait cohabiter voitures de prestige et machines électriques, dont le passé est riche.
A ceux qui l’ignoraient, la visite de Rétromobile 2009 aura appris que les énergies nouvelles sont tout sauf nouvelles. Tout — ou presque — en effet fut inventé dès les débuts de l’automobile. Depuis, on n’a cessé d’améliorer en réalisant des progrès (considérables) dans l’industrie des métaux, la fiabilisation, la conception et l’industrialisation, la dépollution, l’économie de carburant, la sécurité, etc.
Les premières automobiles utilisaient la vapeur, qui, après que des progrès très importants furent réalisés par rapport aux monstrueuses machines du XIXe siècle, s’est maintenue plusieurs décennies aux Etats-Unis. Pays où les voitures électriques ont également connu un certain succès pendant longtemps.
Dans un bel élan œcuménique, Rétromobile 2009 fait donc cohabiter machines électriques et à vapeur et voitures de prestige et de compétition, preuve que, loin des anathèmes et des discours sectaires, la passion automobile ne connaît pas frontières. Sont surtout représentés les véhicules électriques, dont le passé est riche. On regrette toutefois la faible présence des constructeurs américains qui ont longtemps dominé cette spécialité — une seule voiture exposée, la Columbia 1901 du musée de Beaulieu.
Les vedettes sont une Mildé-Krieger-La Licorne et une Stela, mises au point pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que la Jamais Contente de Camille Jenatzy, première automobile à dépasser les 100 km/h. La première naît en 1941 de l’association entre Louis Krieger et Charles Mildé, qui équipent une Licorne 6 CV 1939 d’un moteur électrique alimenté par 48 batteries pesant 500 kilos (40 km/h et 100 km d’autonomie). Une bonne centaine d’exemplaires sera construite. Dès le début du siècle, Louis Krieger avait conçu des véhicules électriques, comme en témoigne une limousine de voyage exposée qui date de 1908. Traction avant, elle reçoit deux moteurs sur les roues antérieures et atteint les 50 km/h pour une autonomie de 100 kilomètres. Elle appartient au musée du Mans.
Conçue par l’ingénieur Pascal et construite par la société des Forges et Ateliers de Lyon, la Stela (acronyme de Service de la Traction Electrique Légère et Agricole) voit son moteur placé au centre. Son énorme coffre arrière, qui lui confère une silhouette totalement déséquilibrée, accueille des batteries dont le poids atteint la tonne ! Pour seulement 130 kilomètres d’autonomie… Utilisées comme taxis, plusieurs Stela roulaient encore dans les rues de Lyon dans les années cinquante. La voiture présentée, unique au monde, appartient au Musée Henri Malartre.
Quant à la Jamais Contente, elle réalisa son record à Achères en 1899. Elle est équipée de deux moteurs alimentés par 80 batteries, qui représentent la moitié du poids de la machine. L’original de cette voiture historique se trouve au Musée de Compiègne — l’exemplaire exposé est une réplique.
Le visiteur découvre encore un fourgon électrique des magasins londoniens Harrods datant de 1939. Prêté par le Musée de Beaulieu (Grande-Bretagne), il est l’un des soixante construits. Les batteries, qui produisent 60 volts, sont disposées sous le plancher. Lui fait face une puce, la Peugeot VLV (Voiture Légère de Ville), micro voiture urbaine produite en petite série de 1941 à 1945. Pesant 365 kilos, cette voiturette aux roues arrière accolées, qui lui donnent l’allure d’un trois roues, ne dépasse pas les 30 km/h pour une autonomie de 70 kilomètres.
Au coin des inventeurs, figurent un scooter électrique Paupe de 1942, ainsi qu’une étrange petite voiture, une hybride avant la lettre. Conçu en 1947 par l’ingénieur Gonnet, ce minuscule coupé est équipé d’un bicylindre deux temps Zündapp disposé à l’avant, qui alimente un moteur électrique placé à l’arrière.
L’exposition des véhicules est complétée par des démonstrations extérieures de voitures à vapeur (des répliques). Signalons que le jour de l’ouverture de Rétromobile, plusieurs autos, dont la Stela et la Mildé-Krieger-La Licorne ont quitté leur niche pour effectuer des tours de roues à l’extérieur du hall 7.