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Mondial de Paris 2000
FERRARI Rossa
Fabrice Maze le 30/09/2000
Pour ses 70 ans, la Carrozzeria Pininfarina nous offre le spider Ferrari Rossa, préfiguration de la super Ferrari.
A l’aube du troisième millénaire, force est de constater que le design automobile s’inspire largement du monde animal, plus particulièrement des rampants pour l’éclairage et l’accastillage, et du monde sous-marin pour le dessin des carrosseries qui se meuvent dans une fluidité neptunienne. Ainsi, pour ses 70 ans d’existence, Pininfarina nous offre un nouveau concept car Rossa construit sur la base de la 550 Maranello. Il fait suite aux inoubliables P 5 de 1968, Modulo de 1970, Pinin de 1980 et Mythos de 1989. Ce spider biplace à moteur avant, équipé d’un pare-brise " coupe-vent ", est l’œuvre du maître carrossier japonais Ken Okoyama.
Avec la Rossa, Okoyama nous offre le croisement d’une raie manta avec une créature mythologique style vénus callipyge. Car en y regardant de près, l’arête de l’aile avant s’échancre pour accueillir le phare et se poursuit à l’arrière, telle une vague, pour devenir la ligne de l’arceau. Quant à l’arête supérieure de l’aile arrière, elle s’engouffre, telle un courant marin, vers la roue avant. L’ailette qui enlace la roue avant prend naissance sur le brancard de bas de caisse pour s’envoler derrière le pneu et se figer sous la forme d’une dérive marsouine couronnée par le répétiteur de clignotant. Ce geste stylistique digne d’une estampe d’Hokusai, révèle l’esprit de Ken Okoyama, qui joue subtilement sur la torsion des volumes et le vide, notion taoïste chère à ses ancêtres.
L’habitacle est composé de deux cockpits distincts et le tunnel central, qui sépare les deux magnifiques sièges baquets Sparco, est surmonté par le levier de vitesse enchâssé dans la traditionnelle grille Ferrari à six vitesses. Face au conducteur, un volant dont la forme évoque irrémédiablement celui de l’actuelle Ferrari de Formule 1, est surmonté par un groupe de trois cadrans à l’aspect ostentatoire et clinquant, qui pourraient figurer avec bonheur sur le guidon d’une Harley Davidson.
Le museau du squale tendu vers la route, le double bossage en arrière des sièges et le flanc échancré rappellent indéniablement l’esprit des barquettes de course des années cinquante. Bien évidemment, la principale inspiratrice de la Rossa est la Testa Rossa de 1958. Elle lui emprunte à l’avant la grande prise d’air centrale composée d’une grille à mailles rectangulaires encadrée par deux bouches inspirées par la nouvelle 360 Modena. Le V12 emprunté à la 550 Maranello est positionné à l’avant et crève le capot moteur comme son ancêtre. La disparition des cache-culbuteurs laisse la place à un banal couvercle en carbone et en acier chromé. Pas de coffre, pas de capote, pas d’essuie-glaces, pas de montre, pas de chauffage. La Rossa nous offre simplement le jeu de ses formes rouges, qui reflètent les nuages et les cyprès des routes toscanes, et le son enivrant de son V12 pour mieux se mouvoir dans les désirs inavouables de notre subconscient.