LOTUS Elise
Vincent Desmonts le 27/02/2004
L'Elise va bientôt fêter ses dix ans ! La petite Lotus n'a pourtant pas pris une ride, grâce à la bonne vieille recette du « Light is right » chère à Colin Chapman.
Les sportives d'aujourd'hui sont toutes plus désirables les unes que les autres, mais elles ont eu tendance à s'embourgeoiser. Désormais, la moindre GTI se doit d'avoir la climatisation, automatique de préférence, tandis qu'une Porsche 911 embarque porte-gobelets, ESP et système de navigation. Cela va dans le sens du progrès, disent les uns, tandis que les autres crient à l'hérésie. Pour ces derniers, il reste une solution : se tourner vers les petits constructeurs, souvent britanniques, qui fabriquent encore des sportives se passant d'airbags rideaux et de sièges électriques. Parmi ces dernières, la Lotus Elise est incontestablement la plus célèbre.
Lotus
Lotus
En 1995, lorsqu'elle est présentée au Salon de Francfort, l'Elise surprend. Elle est compacte (3,73 m), très basse (120 cm)... et plutôt faiblement motorisée, puisqu'elle reprend le modeste bloc Rover 1.8/120 ch équipant la MG F. En plus, son style ne fait pas l'unanimité, avec ses ouies d'aération massives et son allure de batracien. Autant dire que le badaud risquait de passer à côté pour lui préférer l'impressionnante Esprit, voisine de stand autrement plus aguicheuse...
Pourtant, l'Elise n'a rien à envier à sa grande soeur : elle emploie en effet des matériaux encore rares dans l'automobile. Son châssis tout en aluminium n'a alors son équivalent que chez l'Audi A8 ou... l'Espace de Renault. Conjugué à une carrosserie en matériaux composites et fibre de verre, il permet de contenir le poids sous la barre des 700 kg (15 de moins qu'une Fiat Panda !) tout en respectant les normes de crash-tests les plus récentes. Du coup, l'Elise affiche un rapport poids/puissance digne d'une Subaru Impreza, et grâce à un étagement de boîte judicieusement resserré, elle parvient à tenir la BMW M3 de l'époque en accélération sur le 0 à 100 km/h. Mais ce que l'Elise préfère, bien plus que les grand prix du feu rouge, c'est le circuit, où son centre de gravité ultrabas et ses trains roulants incroyablement efficaces font merveille. Pas besoin de poser des amortisseurs exotiques ou de sortir les pneus slicks : même en configuraton « stock », l'Elise peut prendre jusqu'à 1 G d'accélération latérale sans décrocher !
Elise 49 (aux couleurs blanc-or-rouge des Lotus 49 de Formule 1), Elise 111S (avec le moteur Rover 1.8 VVC de 145 ch), Exige (version encore plus radicale d'une puissance de 190 ch)... La petite Lotus poursuit son évolution au fil de séries limitées qui n'ont aucun mal à trouver preneur. En moyenne 2000 Elise sortent de l'usine d'Hethel chaque année, qui a dû renforcer ses effectifs : les prévisions initiales étaient de 700 voitures par an !
Lotus Elise Type 49 Lotus
Lotus Elise 111 S Lotus
L'Elise n'est pas sur un piédestal pour autant. Il ne viendrait à personne de critiquer son (relatif) inconfort, mais certains se risquent à lui reprocher un châssis trop pointu à la limite. Ces remarques tombent d'autant moins dans l'oreille d'un sourd qu'un bon client vient de frapper à la porte de Lotus... et pas n'importe lequel !
GM Europe est en pleine crise. Sa principale entité, Opel, souffre d'une image de marque médiocre. Ses dirigeants veulent un produit phare, une locomotive capable de gonfler le moral des commerciaux et attirer une clientèle plus jeune. Il vont se tourner vers Lotus, anciennement leur propriété (souvenez vous le l'impressionnante Opel Omega Lotus!), pour développer et fabriquer l'Opel Speedster.
Lotus Elise Type 72 Lotus
Lotus Elise Type 23 Lotus
Lotus profite de cette arrivée d'argent frais pour préparer le lifting de l'Elise. Ses lignes sont affinées, son châssis et ses liaisons au sol profondément modifiés afin de rendre la Série 2 plus facile et progressive à la limite que la Série 1. Pas de gros changements sous le capot, en revanche : le moteur Rover est juste adapté aux nouvelles normes antipollution. L'Elise 2 est présentée en octobre 2000 à Birmingham, et s'attire rapidement tous les suffrages : plus élégante, plus « facile », elle reste toujours aussi performante et efficace.
Lotus Elise 111 R Lotus
Lotus Elise 111 R Lotus
Et ce n'est pas fini, puisque l'Elise est maintenant disponible avec le moteur 1.8 VVTL-i 192 ch équipant les Toyota Corolla et Celica TS. Sur cette nouvelle version, baptisée 111R, le poids augmente légèrement (860 kg), mais le rapport poids/puissance chute à 4,4 kg/ch, approchant celui d'une Porsche 911 ! Les performances sont équivalentes à celles de feue l'Exige : 5,2 s de 0 à 100 km/h, 13 s de 0 à 160 km/h et 242 km/h en vitesse de pointe. Le châssis est renforcé, et reçoit un ABS avec assistance au freinage – une première sur une Elise ! Et s'il est désormais possible de commander une climatisation en option, n'allez pas en déduire que la petite Lotus s'est embourgeoisée. Elle reste une sportive radicale, taillée pour les parcours sinueux et capable d'en remontrer à bien plus puissant qu'elle. Et pour ceux qui recherchent encore plus d'efficacité, Lotus dévoilera l'Exige 2004 au prochain Salon de Genève. Il s'agira d'une 111R dotée d'une aérodynamique et d'un châssis retravaillés ainsi que d'un circuit de refroidissement adapté à une utilisation intensive sur circuit.
Mais il serait regrettable de cantonner l'Elise à la piste. Car en ces temps où fleurissent les radars automatiques, la petite Lotus possède une qualité rare : elle sait offrir des sensations à son conducteur sans qu'il ait besoin de risquer son permis de conduire. Rien que pour ça, l'Elise a encore de beaux jours devant elle !
Lotus
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