Samuel Morand le 04/04/2024
En seulement trois saisons et 23 courses internationales, la Porsche 917 s'est fait un nom dans la légende du sport automobile en remportant 15 victoires incluant des succès aux 24 Heures de Daytona et aux 24 Heures du Mans en 1970 et 1971.
En 1972 cependant, la 917 est rendue inéligible en compétition internationale, mais elle évolue encore dans la série Nord-américaine Can-Am où elle s'illustre deux années de suite sous la forme des 917/10 et 917/30 Spyder du Team Penske Racing. Puis en 1974 d'autres changements réglementaires devaient à priori clore le dernier chapitre de l'histoire de la 917.
Douze ans plus tard cependant, la structure allemande Kremer basée à Cologne, allait « exhumer » la Porsche 917 à la faveur de nouvelles règles édictées par la FIA. Lors de la saison 1981 en effet, la Fédération Internationale Automobile choisit d'assouplir la réglementation du Groupe 6 en vue de stimuler le développement de nouveaux composants et de nouvelles voitures, cela en préparation de la future catégorie Groupe C (introduite en 1982).
L'équipe Kremer qui s'était déjà imposée aux 24 Heures du Mans en 1979 avec une Porsche 935-K3, y vit une opportunité de rééditer sa performance, cette fois avec une Porsche 917 revisitée : la 917-K81.
Aidé par une connaissance approfondie de la 917 et par le soutien inestimable de Porsche en matière de conception, Kremer a entrepris de mettre à jour la 917 pour l'adapter aux pneumatiques et aux pratiques aérodynamiques contemporaines. Surnommée 917-K81, la nouvelle voiture était dotée d'un châssis en aluminium construit par Kremer, similaire à celui de l'original, mais avec une triangulation supplémentaire et des tubes de calibre plus épais pour améliorer la rigidité en torsion.
De plus, il intégrait des freins, des composants de suspension et d'autres éléments de trains roulants développés dans le cadre du programme Can-Am. Les freins notamment ont été développés en 1972 et 1973 pour répondre aux exigences des 917/10 et 917/30, qui pesaient plus de 1 150 kg (à pleine charge), et dont les moteurs turbocompressés développaient jusqu'à 1 100 ch.
Porsche a ensuite fourni deux moteurs originaux de type 912, l'un d'une capacité de 4.5 litres et l'autre de 5.0 litres, auxquels étaient associés une boîte à cinq vitesses de type 920. Ailleurs, la géométrie de la suspension et la carrosserie de la voiture ont été fortement révisées, cette dernière intégrant des jupes latérales pour améliorer l'effet de sol et un aileron arrière conséquent.
Après un programme d'essais d'avant-course très limité, l'équipe Kremer gagnait Le Mans avec Bob Wollek comme pilote principal, et les Français Guy Chasseuil et Xavier Lapeyre pour équipiers. Lors des qualifications, la voiture s'est révélée très lente sur la ligne droite des Hunaudières, en raison de rapports de transmission trop courts et d'une traînée prohibitive de son aileron arrière surdimensionné. Finalement, Wollek s'est qualifié 18ème, mais 17 secondes au tour plus lent que la Porsche 936 d'usine de Jacky Ickx et Derek Bell créditée de la pole position.
Équipée de rapports révisés pour le jour de la course, la vitesse de pointe de la voiture a été grandement améliorée. Entre les mains de Wollek, la 917-K81 réussit à se hisser jusqu'à la 9ème place du classement général, mais divers incidents la contraignirent finalement à l'abandon.
Après la déception du Mans, la 917-K81 fut engagée aux 1 000 km de Brands-Hatch avec pour équipage Bob Wollek et Henri Pescarolo (trois fois vainqueur du Mans). La 917-K81 étant mieux adaptée à ce tracé qu'à celui du Mans, Wollek s'octroya le 3ème temps des qualifications puis occupa la tête de la course un long moment avant de devoir abandonner au 52ème tour pour cause de suspension cassée.
La 917-K81 avait finalement montré son vrai visage, améliorant par la même occasion de deux secondes pleines le meilleur tour d'une Porsche 917 à Brands-Hatch, établi onze ans plus tôt par Vic Elford et Denny Hulme en avril 1970.
Ce châssis Porsche 917-K81 qui est en possession du vendeur depuis 2011, a depuis été entretenu par le spécialiste Porsche Crubilé Sport basé à Gazeran, en France. Sa valeur est aujourd'hui estimée entre 3.5 et 5 millions d'euros.