Vincent Desmonts le 16/02/2017
En 2016, Opel a annoncé des pertes pour la seizième année consécutive. Malgré des progrès l'an dernier, la marque allemande reste fragile, et la maison-mère américaine cherche depuis un certain temps à se débarrasser de cette marque qu'elle considère souvent comme un fardeau. Opel coopère déjà depuis 2012 avec PSA sur des projets tels que les (futurs) petits SUV Opel Crossland X et Citroën C3 Picasso, tandis que le Grandland X du Blitz, un Peugeot 3008 déguisé, sera bientôt produit... à Sochaux.
Le rapprochement semblait donc naturel, d'autant que PSA veut aller plus loin, et notamment développer ses ventes en Europe du Nord, où Opel (et Vauxhall au Royaume-Uni) est bien implanté. Opel a immatriculé l'an dernier un peu moins d'un million de véhicules, contre 3,15 millions pour PSA dans son ensemble. Additionner ces volumes permettrait par ailleurs des économies d'échelle, en ayant une force de frappe supplémentaire auprès des fournisseurs tout en partageant un maximum d'éléments techniques (plates-formes, motorisations, électronique...).
Reste que ce rachat pourrait être mal vécu et source d'inquiétude en Allemagne, où les syndicats et politiques ont déjà exprimé leurs craintes pour l'emploi. Opel a déjà fermé à grand bruit une usine à Bochum (Rhénanie du Nord-Westphalie).
En outre, même si PSA affiche aujourd'hui une belle santé, le groupe n'était pas loin de la faillite voici quelques années ! Par ailleurs, Opel et PSA disposent de gammes frontalement concurrentes sur des segments de marché identiques, alors que le groupe tricolore connaît déjà des difficultés à établir le positionnement marketing des trois marques « maison » que sont Citroën, DS et Peugeot. Enfin, le problème de PSA n'est pas tant le marché européen en lui-même que sa trop grande dépendance à celui-ci. Or une fusion avec Opel, marque exclusivement européenne, ne ferait qu'augmenter cette dépendance. Bref, un tel mariage serait une opération à haut risque pour le constructeur français.