Porsche 911 RSR : taillée pour la victoire

Samuel Morand le 27/04/2020

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Depuis 47 ans et l'apparition en piste du premier modèle du nom, la Porsche 911 RSR accumule les succès pour le compte du constructeur de Stuttgart.

L'histoire de la Porsche 911 RSR a débuté en 1973 avec un prototype développé à partir de la Carrera RS 2.7, afin de concourir sous la réglementation FIA du Groupe 4. Le flat-six du modèle de série est alors optimisé et passe à une cylindrée de 2.8 litres, l'aileron « ducktail » se mue de son côté en véritable aileron, et les roues arrière du véhicule gagnent enfin en largeur (de 50 mm).

Dès cette année 73, les succès sont au rendez-vous pour la 911 Carrera RSR, avec une éclatante victoire remportée par la RSR 2.8 de 290 ch du duo Hurley Haywood et Peter Gregg aux 24 Heures de Daytona, puis quelques semaines plus tard, une nouvelle victoire de classe cette fois-ci (en GTS), obtenue par la Porsche 911 Carrera RSR 3.0 (330 ch) du Kremer Racing Team dans le cadre des 24 Heures du Mans.

L'histoire de la 911 RSR est en marche et dès l'année suivante, une version animée par un bloc 2.1 litres équipé d'un turbo (une nouveauté), marque l'histoire de l'épreuve mancelle en prenant la deuxième place finale avec Herbert Müller et Gijs van Lennep à ses commandes. Les blocs atmosphériques seront pourtant depuis préférés aux motorisations turbocompressées, la 911 RSR de 2019 étant par exemple animée par un flat-six 4.2 litres, soit le plus gros moteur boxer installé à ce jour dans une 911 RSR.

Conçue autour de la 911 GT3 RS homologuée pour la route, la dernière 911 RSR accueille un bloc installé devant l'axe arrière du véhicule, développant quelque 515 ch après application de la Balance de Performance (BoP) introduite en WEC et dans la série américaine IMSA. Son couple a quant à lui plus que doublé par rapport à celui de la 911 Carrera RSR 2.8, et sa consommation a logiquement été grandement améliorée. La boîte manuelle à 5 rapports de la vénérable RSR 2.8 à quant à elle laissé place à une boîte de vitesses séquentielle à prise directe à six rapports, qui garantit des passages de rapports ultra-rapides.

« Je crois que c'est la plus grande différence entre hier et aujourd'hui », explique le pilote officiel Porsche Romain Dumas. « Par le passé quand vous rétrogradiez, vous deviez embrayer avec le pied gauche et placer votre pied droit sur le frein et l'accélérateur en même temps. Rien ne fonctionnait sans le double débrayage. C'était comme faire des claquettes. De plus la main droite devait rester sur le levier de vitesses. C'était vraiment contraignant. Aujourd'hui la vie du pilote est plus simple grâce aux améliorations techniques apportées dans quasiment tous les domaines, et vous pouvez piloter à la limite plus régulièrement à bord d'une 911 RSR de dernière génération ».

Malgré l'installation d'un arceau de sécurité en acier et d'un réservoir de 120 litres, les ingénieurs de Porsche réussirent en 1973 à limiter le poids de la 911 Carrera RSR 2.8 à 900 kg, grâce notamment à l'installation de portières, d'un capot avant et de vitres réalisés en plastique. Aujourd'hui, la 911 RSR a pris de l'embonpoint : elle est 50 cm plus large, 40 cm plus longue et dotée d'un empattement supérieur de 30 cm, et affiche un poids de 1 245 kg, ce qui ne l'empêche pas d'avoir gagné en efficacité.

« Il y a toujours beaucoup de mouvement à bord d'une 911 Carrera RSR 2.8 », explique l'Autrichien Richard Lietz. « Avec les voitures modernes nous n'avons plus ces effets de roulement et de sous-virage importants. Mais c'était vraiment très sympa, un vrai challenge pour les pilotes. La première RSR demeure ma voiture favorite. C'est une voiture fantastique à piloter à la limite, une voiture qui demande à être conduite à vive allure. Mais c'est là une approche appropriée avec toutes les RSR en vérité ».

47 ans font une différence importante en termes de performances, et au Mans ces années de développement se comptent en dizaines de secondes. En 1973, Gijs van Lennep s'est classé 4ème de l'épreuve sarthoise en réalisant un tour moyen en 4 minutes et 20 secondes (il est allé cinq secondes plus vite en qualifications), sur une piste de 13.640 km qui ne comprenait pas encore de chicanes dans le Hunaudières.

Aujourd'hui, la 911 RSR avale les 13.626 km en moins de 3 minutes et 50 secondes : en 2018 par exemple, Giancarlo Bruni a réalisé le nouveau record du tour de la catégorie GTE avec une boucle couverte en 3'47.504 exactement. On s'attend à ce qu'en septembre prochain, si les conditions climatiques le permettent, la dernière évolution de la Porsche 911 RSR aille encore plus vite à l'occasion de la 88ème édition de la classique française.

Photo : Porsche 911 Carrera RSR 2.8 aux 24 Heures de Daytona 1973

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