Samuel Morand le 19/06/2021
Si depuis une dizaine d'années Toyota fait les gros titres aux 24 Heures du Mans grâce à de mémorables passes d'armes avec Porsche et Audi, et trois succès décrochés lors des dernières éditions de la classique mancelle, Mazda restera dans les annales de l'épreuve comme le premier constructeur japonais à s'y être imposé. Et cette victoire est demeurée dans toutes les mémoires.
Parti depuis la 23ème position sur la grille de départ, la 787b frappée du n°55 prit ce jour-là un bel envol et dès 18h00 Volker Weidler la plaçait dans le Top 10. Une progression constante lui permit ensuite de pointer en 3ème position à la mi-course, et à trois heures du drapeau à damier elle évoluait en deuxième position quand la Mercedes-Benz de tête abandonna sur problème mécanique.
La Mazda 787b couvrit 362 tours au terme d'une course sans histoires. Le prototype japonais effectua 28 arrêts au stand durant lesquels furent réalisés une mise à niveau d'huile, un changement de disques et de plaquettes de freins, ainsi qu'un changement de capot avant. Hormis cela, la 787b et son moteur rotatif R26B de plus de 700 ch, n'eurent besoin que d'essence et de pneumatiques neufs pour rallier l'arrivée en vainqueurs, démontrant ainsi la fiabilité de l'ensemble.
Mazda savait avant la course que le moteur rotatif serait interdit pour l'édition suivante des 24 Heures du Mans, et il s'agissait donc de sa dernière chance de l'imposer dans la Sarthe, ce qui ne fit qu'ajouter davantage de saveur à ce succès. Par ailleurs le châssis de la 787b dessiné par Nigel Stroud, fut également la première voiture à s'imposer avec des freins à disques en fibre de carbone.
Ce succès de 1991 fut célébrée comme il se doit par le constructeur japonais, dont la quête de victoire au Mans avait débuté une vingtaine d'années plus tôt, lors de l'édition 1970 (première victoire de Porsche), avec l'engagement par la structure belge Levi's International Racing d'une Chevron B16 équipée d'un moteur Mazda 10A bi-rotor de 200 ch. La petite Chevron ne vit jamais l'arrivée de la course, mais elle bénéficia d'un passage éclair dans le film « Le Mans » de Steve McQueen, tourné cette même année sur le circuit français.
Mazda fut ensuite représenté au Mans par une RX-3 (battant pavillon français) en 1975, une RX-7 engagée en 1979 par la structure japonaise Mazda Auto Tokyo menée par Takayoshi Ohashi (qui deviendra un acteur majeur du succès de 1991), puis d'autres modèles RX-7 (RX-7 253, RX-7 IMSA GTX 254) au début des années 80.
En 1983 Mazda s'aligna pour la première fois en Groupe C Junior (ex-Groupe C2) avec la Mazda 717C, un prototype pesant 800kg et animé par le moteur rotatif 13B de 310 ch. Le 19 juin 1983 Takashi Torino, Yojiro Terada et Yoshimi Katayama imposèrent ainsi la Mazda 717C dans leur catégorie, et se classèrent 12ème du général.
Mazda poursuivit ensuite le développement de ses prototypes avec la 757 victorieuse de la catégorie IMSA GTP en 1987 avec David Kennedy, Pierre Dieudonne et Mark Galvin, puis les années suivantes avec les Mazda 767 et Mazda 767B (1989), et lors de l'édition 1990 avec trois châssis : deux Mazda 787 (voitures 201 et 202) et une Mazda 767B parée du n°203. Si les nouvelles 787 rencontrèrent des problèmes électriques, la 767B remporta quant à elle la catégorie IMSA GTP.
La suite est désormais connue. La 787b développée autour de la Mazda 787, dotée d'un empattement allongé de 25 mm par rapport à cette dernière et équipée de jantes plus larges (18 pouces) ainsi que d'un système de freinage en carbone, allait entrer permettre à Mazda de s'installer durablement dans l'histoire du Mans.
Immédiatement après son succès manceau, le châssis Mazda 787B n°002 fut retiré de la compétition et exposé au QG de la marque à Hiroshima. Elle a été maintenue en ordre de marche et enchante encore les fans lors des démonstrations auxquelles elle participe chaque année un peu partout dans le monde.
Photo : Mazda 787b aux 24 Heures du Mans 1991