Samuel Morand le 05/06/2021
La première Type 55 Super Sport imaginée par Jean Bugatti, le fils d'Ettore, dont la première apparition publique date du Salon de l'Automobile de Paris 1931, était animée par un bloc 8 cylindres 2.3 litres turbo lui garantissant une vitesse de pointe parmi les plus élevées des véhicules de l'époque : un journaliste du magazine Motorsport releva lors de son essai, une vitesse impressionnante de 180 km/h. Ce modèle Super Sport qui introduisit par ailleurs la livrée bicolore avec démarcation horizontale, reprise sur les modèles actuels, fut produite en 38 exemplaires seulement.
Il faudra ensuite attendre les années 90 pour trouver trace d'une nouvelle Bugatti Super Sport, en l'occurrence une version musclée de l'EB 110. Ce modèle Super Sport produit en 39 unités dans l'usine Bugatti de Campogalliano, est construit autour d'un châssis en aluminium et doté d'une carrosserie partiellement réalisée en fibre de carbone (la première voiture de série ainsi carrossée). Sous son capot arrière se cache un bloc V12 développant une puissance de 610 ch envoyée aux quatre roues, via une boîte de vitesse à 6 rapports et un viscocoupleur pour les quatre roues motrices. L'EB 110 SS est ainsi en mesure d'abattre le 0 à 100 km/h en 3.26 secondes et de réaliser des records de vitesse, avec notamment une pointe à 351 km/h enregistrée sur l'anneau de Nardo.
Et de record il sera encore question en juin 2010, avec la Bugatti Veyron 16.4 Super Sport cette fois. Pierre-Henry Raphanel, dont le CV mentionne plusieurs participations aux 24 Heures du Mans, est aux commandes de la Supercar tricolore animée par un W16 8.0 litres de 1 200 ch, quand celle-ci établit le record de vitesse des voitures de sport de série homologuées sur route avec une vitesse moyenne de 431.072 km/h (434.211 km/h lors de la course aller, et 427.933 km/h dans la course retour).
« C'est resté un véhicule exceptionnel », explique Raphanel. « En plus de l'incroyable puissance délivrée, sa perfection réside dans la facilité de conduite et la très haute qualité de fabrication ».
48 exemplaires de la Veyron 16.4 Super Sport ont été produits à Molsheim avant la fin de la production de la Veyron (2015) qui coïncide avec l'apparition de la Chiron. Raphanel passera alors le relais à Andy Wallace en ce qui concerne la course aux records, le Britannique s'installant aux commandes de la Chiron Super Sport 300+ en septembre 2019, pour franchir un cap mythique : les 300 mph (482.8 km/h).
« Lorsque j'ai entendu parler pour la première fois de l'idée de franchir le “mur du son” de 300 mph dans la Chiron Super Sport, j'étais déjà très nerveux », explique le vainqueur des 24 Heures du Mans 1988 avec Jaguar. « Toutefois, cette nervosité s'est atténuée au fil des jours. En effet, les ingénieurs de Bugatti ont parfaitement réussi à mettre en œuvre mes retours d'information à l'identique, ce qui nous a permis de toujours mieux optimiser la voiture. Aujourd'hui, la Chiron Super Sport 300+ se conduit de manière très précise et légère, même à des vitesses supérieures à 400 km/h. Et après 8 heures passées dans la voiture, on a toujours l'impression d'être assis dans une limousine confortable ».
La Chiron Super Sport 300+ animée par une cavalerie de 1 600 ch et 1 600 Nm (100 ch de plus que la Chiron « standard »), et dotée en particulier d'une carrosserie à l'aérodynamique profondément remaniée pour évoluer à de telles vitesses, a été créditée d'une pointe record de 304.773 mph (490.484 km/h).
Comme les autres Bugatti Super Sport avant elle, la Bugatti Super Sport 300+ est proposée en édition limitée. Seuls 30 exemplaires de la dernière Super Sport en date, seront assemblés par le constructeur tricolore, facturés 3.5 millions d'euros l'unité à leurs propriétaires.
Crédit photos : Bugatti