Samuel Morand le 19/05/2021
Le prototype Chiron 4-005, connu en interne sous le nom de « Quatre-cinq », est le cinquième des huit prototypes de la Chiron développés par le constructeur de Molsheim. D'où le chiffre 5 qui suit le chiffre 4 indiquant pour sa part qu'il s'agit d'un véhicule prototype.
Ce châssis entré en circulation en 2013, a parcouru plus de 74 000 km en essais dans les conditions de circulation les plus variées (si ce n'est extrêmes), en servant de laboratoire d'essai roulant au département de développement électrique et électronique de Bugatti. Tous les logiciels de la Chiron sont développés et testés dans le prototype 4-005 depuis 2013.
Treize ingénieurs, informaticiens et physiciens ont œuvré avec ce châssis pour développer les composants spécifiques embarqués dans la Chiron, parmi lesquels on compte la scénographie « Welcome Light » qui provoque l'allumage dans un ordre déterminé des clignotants, des phares et des feux arrière, ou encore l'accueil « Chiron » lors de l'ouverture des portes, un système qui fut utilisé pour la première fois à bord de ce prototype 4-005.
Les ingénieurs de la marque ont évolué sur les pistes enneigées de Scandinavie à bord de la Chiron 4-005, sur l'anneau de Nardo pour des essais à grandes vitesses, ils ont réalisé des tests de résistance à la chaleur en Afrique du Sud et également sillonné les États-Unis avant le lancement de la Chiron (en 2016), afin de valider et d'optimiser alors ses équipements intérieurs.
« Nous découvrons de nombreuses solutions détaillées lors des trajets, nous en discutons ensuite dans l'équipe et nous les mettons en œuvre, d'abord dans la 4-005 », explique Mark Schröder, qui développe depuis 2011 l'interface homme-machine (IHM) de la Chiron. Le châssis 4-005 fait ainsi l'objet de toutes les mises à jour avant l'entrée dans la production en série, telles que les nouvelles fonctions du système de navigation, du système de conférence téléphonique, et de la navigation dans les menus de l'IHM. Et sa conception doit répondre à une conception simple : un intérieur minimaliste, sans grands écrans, avec une commande au volant, doit fournir toutes les informations utiles.
L'IMH a été peaufinée dans ce châssis 4-005. L'affichage de son menu de navigation par exemple, a fait l'objet de nombreux tests. Il passe d'un fond noir à un fond blanc selon la luminosité, et la police et la taille des caractères, la disposition des menus ou les points supplémentaires, ont été vérifiés en permanence durant les trajets. Cet affichage enfin, s'efface complètement une fois la vitesse de 400 km/h atteinte : à cette vitesse explique le constructeur, « le conducteur n'a besoin d'aucune distraction, mais d'une concentration totale pour le pilotage ».
Ce châssis Chiron 4-005 qui porte encore quelques stigmates de ces huit années de développement, en a aujourd'hui terminé des essais et autres tests d'endurance. Bugatti n'a pas donné de précisions sur le sort qui l'attend, mais l'époque n'étant plus à la destruction pure et simple des prototypes de développement, on imagine qu'il devrait trouver sa place dans un espace protégé où il pourra affronter les années sans risquer une égratignure supplémentaire.