Cédric Morançais le 17/05/2017
Longtemps, les modèles à boite automatique ont été considérés comme des « voitures de vieux » que tout amateur de conduite digne de ce nom honnissait. Plus de 98% des voitures neuves vendues chaque année dans l'Hexagone étaient alors dotées d'une pédale d'embrayage. Les choses ont commencé à frémir avec le changement de siècle... et la démocratisation de cette technologie. En 2006, 8% des acheteurs d'autos neuves avaient opté pour une automatique. En 2016, c'est un client neuf sur quatre qui a fait ce choix !
Pour autant, la France a encore un wagon de retard sur ses voisins allemands et britanniques. En Suisse, le seuil des 50% a été franchi l'année passée. Mais les champions du genre restent tout de même les Japonais et les Nord-Américains avec plus de 95% des immatriculations réalisées avec ce type de transmission. Dans ces pays, la plupart des modèles ne proposent d'ailleurs pas du tout de boite manuelle. Un tsunami qui pourrait bien finir par toucher nos côtes, car si la « BVA » n'est pas exempte de défauts, ses atouts convainquent en général quiconque essaie un tel véhicule.
S'il est d'usage de parler de la boite automatique, en réalité, il existe plusieurs technologies distinctes. La plus connue, c'est la transmission à convertisseur de couple. Pendant des décennies, elle a régné sans partage sur ce marché, ne laissant que quelques miettes à son unique concurrente d'alors, la transmission à variation continue. Selon les marques, la boite automatique à convertisseur de couple peut prendre plusieurs noms : EAT dans le groupe PSA, Tiptronic dans le groupe Volkswagen... sur le papier, son mode de fonctionnement est le plus simple : en fonction de la vitesse et du besoin en puissance, la boite de vitesses gère seule la montée des rapports ou le rétrogradage lors des ralentissements ou lors d'une pression très franche sur l'accélérateur (ce que l'on appelle le kick-down). D'un point de vue technique, elle est la seule transmission à véritablement mériter le nom de boite automatique, même si de nombreux modèles proposent désormais de changer soi-même les rapports à partir d'une commande séquentielle via le levier de commande ou par l'intermédiaire de palettes placées derrière le volant. Elle est aussi la plus adaptée pour faire transiter les valeurs de couple et de puissance importantes, ce qui explique, notamment, qu'elle a largement la faveur des acheteurs sur les marchés d'Amérique du Nord.
Depuis une quinzaine d'années, le marché européen a vu les boites à double embrayage prendre une large part, notamment sous l'impulsion du groupe Volkswagen qui commercialise cette technologie sous les noms de DSG (Seat, Skoda et Volkswagen), S-Tronic (Audi) et PDK (Porsche). Si, dans l'esprit du plus grand nombre, elle est considérée comme une transmission automatique, il s'agit, en réalité, d'une boite manuelle... robotisée. Comme cette appellation le laisse comprendre, un « robot » s'occupe de gérer les changements de rapports avec une particularité : la présence de deux embrayages qui fait que lorsqu'un rapport s'enclenche, le supérieur est pré-enclenché dans le second embrayage. Le passage d'une vitesse à l'autre se fait alors plus rapidement et avec une absence quasi-totale d'à-coups.
La boite robotisée existe également avec un seul embrayage. Un choix technique qui se justifie par des coûts de fabrication bien moindre. Citroën et Peugeot ont longtemps mis l'accent sur cette transmission sous les noms de BMP puis ETG. Désormais, seule quelques citadines (Citroën C1, Peugeot 108, Volkswagen Up !...) proposent encore de telles boites. Leur manque d'agrément (à-coups et lenteur lors du passage des rapports) est, en effet, rédhibitoire pour la plupart des conducteurs.
La transmission à variation continue, ou CVT, est l'un des types de boites les moins connues. Popularisée par Daf à la fin des années 1970, elle a sombré, depuis, dans l'oubli, même si Audi (Multitronic) a tenté de la faire revivre en Europe à partir de la fin des années 1990. Aujourd'hui, on ne la trouve que sur quelques voitures japonaises, notamment certaines hybrides Toyota. Son principe de fonctionnement est proche de celui que l'on trouve sur certains scooters : une courroie se déplace entre deux poulies à diamètre variable afin de modifier en permanence le rapport de transmission. Si l'absence d'à-coups est garantie, la nervosité l'est beaucoup moins.
Choisies pour des raisons de coûts de fabrication, les boites robotisées à simple embrayage que l'on trouve sur pas mal de citadines sont loin d'offrir l'agrément de leurs grandes sœurs dotées d'un second embrayage. A la clé, des à-coups et pas mal de lenteur dans le passage des rapports, notamment lorsqu'il s'agit de rétrograder. Si cela ne représente qu'un désagrément dans la circulation urbaine, cela peut devenir problématique lorsqu'il s'agit de dépasser un autre véhicule sur route.
Les boites automatiques entrainent également, et sans surprise, un surcoût à l'achat. Celui-ci dépend de plusieurs critères, que ce soit la technologie retenue ou le niveau de gamme du modèle équipé. Pour une transmission robotisée à simple embrayage, comptez de 450 € à 1 000 €. Mais la facture grimpe allègrement avec les autres dispositifs. Un système traditionnel à convertisseur de couple exige de 1 200 € à 2 500 €, tandis qu'avec une boite à double embrayage, le ticket d'entrée va de 1 600 € à 2 500 € et qu'une CVT vaut aux alentours de 1 500 €. Naturellement, une partie de ce surcoût sera récupérée lors de la revente. En France, il sera parfois également récupéré en partie dès l'achat. En effet, sur de nombreux modèles, le malus écologique qui touche les versions à boite manuelle est minoré, voire supprimé, sur les variantes automatiques.
A l'usage, une voiture à boite automatique engendrera également un léger surcoût au chapitre entretien. Dans la plupart des cas, il s'agit simplement de prévoir une vidange de cette boite, ce que ne réclame pas son équivalent manuel, à des intervalles allant de 5 à 8 ans et, généralement, avec un maximum de 100 000 km. Attention, prévoyez impérativement cette opération, même si le plan d'entretien du constructeur ne l'inclut pas. En effet, ce sont les fabricants de transmission automatique eux-mêmes qui spécifient que cette opération est indispensable. Les boites robotisées à simple et double embrayage seront un peu plus exigeantes au chapitre maintenance. Logique puisqu'il s'agit, comme nous le précisions plus avant, de boite manuelles transformées. Leur(s) embrayage(s) sont donc soumis à usure et seront à remplacer à terme. Il faudra alors tabler de 500 € à 1 000 € pour un embrayage simple, mais la facture dépassera parfois les 2 000 € sur les véhicules qui en possèdent deux.
Contrairement à une idée encore largement répandue, les voitures à boite automatique se vendent désormais souvent mieux en occasion que leurs pendants manuels. C'est le cas depuis très longtemps sur les modèles à forte cylindrée, la plupart n'étant d'ailleurs désormais plus proposée qu'avec ce type de transmission. Ça l'est également de plus en plus pour les modèles d'entrée et de milieu de gamme. Un phénomène qui s'explique principalement par l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande et qui se vérifie encore plus dans les grands centres urbains.
Une autre idée reçue n'a plus cours, celle qui concerne la sur-consommation engendrée par ce type de transmission. Techniquement, la mise en œuvre de systèmes automatisés (convertisseur de couple, embrayage robotisé...) induit effectivement une petite augmentation de la demande en énergie. Mais ces boites permettent également d'optimiser le régime moteur et de supprimer les phases de sous et sur-régimes, très énergivores. En conditions réelles, un même automobiliste aura ainsi tendance à bruler quelques décilitres de sans-plomb ou de gasoil en moins à chaque centaine de kilomètres parcourue avec une voiture automatique qu'avec une manuelle. Cette optimisation du régime moteur permet également d'effectuer les dépassements plus rapidement, ce qui n'est pas négligeable en matière de sécurité.
Le plus gros avantage d'une boite automatique, cela reste tout de même la conduite détendue qu'elle procure. Terminés les séances de débrayage/embrayage continues dans les embouteillages, les changements de rapports intempestifs en ville, les besoins de rétrograder pour effectuer un dépassement. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ce type d'auto connait un taux d'accident responsable sensiblement inférieur à celui des voitures à boite mécanique. D'ailleurs, il suffit d'interroger des possesseurs de ce genre d'autos pour s'entendre systématiquement dire qu'il n'est pas question, pour eux, de revenir un jour à la boite manuelle. Certains assureurs ne manquent d'ailleurs pas de jouer le jeu en réclamant des primes légèrement inférieures aux propriétaires d'automatiques, sans oublier qu'une conduite plus souple va permettre d'augmenter la durée de vie de certains consommables tels que les plaquettes et disques de frein.