Vincent Desmonts le 14/02/2018
Mais les opposants à cette mesure ne décolèrent pas. En marge de manifestations organisées le 27 janvier dernier - d'autres sont prévues les samedi 17 et 24 février - l'association 40 Millions d'automobilistes s'est penchée sur les résultats de l'expérimentation préalable à la mise généralisation des 80 km/h.
Lancée en 2015 par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, cette expérimentation portait sur trois tronçons accidentogènes (13 km sur la RN 57 entre Vesoul et Rioz, 55 km sur la RN 151 entre Auxerre et La Charité-sur-Loire, 18 km sur la RN 7 entre Crozes et Hermitage-Valence). Les résultats devaient être rendus publics... mais cela n'a jamais été le cas.
40 Millions d'automobilistes a donc décortiqué les rapports d'accidents sur la période avant et pendant l'expérimentation (2012 à 2016) afin d'y voir plus clair : la mortalité a-t-elle baissé durant la phase de test ? Au final, les résultats sont peu concluants.
Si 2015, année de bascule (6 mois à 90 km/h, puis 6 mois à 80 km/h), a marqué un net fléchissement de l'accidentologie avec 16 victimes (1 tué et 15 blessés dont 7 légers), la tendance est repartie à la hausse en 2016 (32 tués et blessés, soit peu ou prou la moyenne des années 2012 à 2014). Dans tous les cas, l'échantillon apparaît peu représentatif. En outre, les infrastructures ont bénéficié d'améliorations notables durant la phase d'expérimentation (resurfaçage, ronds-points...), rendant toute comparaison difficile.
Voilà qui incite certains députés et sénateurs à monter au créneau, dénonçant une mesure ressentie comme vexatoire et pénalisant les régions. Trois d'entre eux, Michel Raison (LR), Jean-Luc Fichet (PS) et Michèle Vullien (UDI), sont même à l'origine d'une commission demandant le report de la mesure dans l'attente d'une étude plus convaincante. Pour l'instant, le gouvernement reste inflexible...