Saga Marcos
Après avoir connu des difficultés financières au tournant du siècle, Marcos fait à nouveau preuve d'un réjouissant dynamisme, comme le prouve sa dernière création, la Marcos TSO.
sommaire :
Histoire : Les Marcos à châssis bois
Gilles Bonnafous le 14/06/2007
Constructeur de voitures sportives exclusives, Marcos fête cette année ses 48 ans. Non sans que la marque anglaise ait traversé nombre de vicissitudes. Malgré une histoire agitée faite de hauts et de bas dus à des problèmes financiers, elle a acquis une flatteuse réputation basée sur la construction artisanale de machines performantes au comportement routier efficace. Le tout pour un prix abordable.
C’est en 1959 que Jem Marsh et Frank Costin créent Marcos, une appellation née de l’association des trois premières lettres de leurs patronymes. Conçues pour courir, les premières Marcos se font remarquer par leur construction originale faite d’une structure en bois (contre-plaqué). On reconnaît là la patte de Frank Costin, ingénieur aéronautique et aérodynamicien réputé (auteur de la Vanwall et de plusieurs Lotus), qui adapte les techniques de l’aviation à l’automobile.
L’avantage de cette formule tient au gain de poids, qui, associé à une aérodynamique très étudiée, permet des performances étonnantes compte tenu de la faible puissance des moteurs Ford d’un litre et 1,5 litre qui équipent les voitures.
Marcos Xylon, surnommée Ugly Duckling Marcos Heritage - D.R.
Les Ateliers de Bradford-on-Avon Marcos Heritage - D.R.
Comme les autres petites marques automobiles anglaises à leur naissance, Marcos cherche sa légitimité dans la compétition. Construite sur les circuits, cette image flatteuse de bête de course restera attachée à la firme. Au nombre des premiers clients, on compte Derek Bell, Jackie Oliver, le pilote de Formule 1 Jonathan Palmer et surtout Jackie Stewart, qui commence sa carrière sur une Marcos.
Dessinée par Frank Costin, la Xylon est une pure voiture de course conçue pour les épreuves de « 750 Motor Club ». Elle est plus connue sous son sobriquet de « Ugly Duckling » (vilain petit canard), qu’elle doit à son design sans compromis. Très singulier, son toit a été surélevé pour convenir à la haute taille de Jem Marsh, lui-même pilote ! Motorisée par le Ford 105 E, la Xylon s’illustrera notamment aux mains de Jackie Stewart.
Les Marcos reçoivent ensuite une carrosserie plus attrayante. Surnommées « Luton Gullwing », car construites à Luton et équipées comme la Xylon de portes papillon, ces voitures sont avant tout des machines de compétition — même si certaines sont vendues comme routières. Après quoi, un nouveau modèle voit le jour, programmé pour un être un spider. Mais pour satisfaire la demande des pilotes, la voiture reçoit un toit. Encore une fois, sa forme originale la fera surnommer « Breadvan » (camionnette de boulanger).
Marcos 1600 GT - 1969 Marcos Heritage - D.R.
Chris Marsh, Rory MacMath et Jem Marsh Marcos Heritage - D.R.
Les frères Dennis et Peter Adams prennent la relève après le départ de Frank Costin en 1961. Leur première tâche est de simplifier la technique de construction. En 1963, ils créent la Marcos GT 1800 (tous les modèles Marcos antérieurs à la Mantis sont simplement appelés GT) qui, bien que restant fidèle au châssis en bois, reçoit une carrosserie en fibre de verre. Conçue plutôt comme une voiture de circonstance, ce coupé, présenté au salon de Londres à Earls Court, va connaître un succès important.
Ultra basse (109 cm), la 1800 GT demeurera une source d’inspiration pour tous les modèles ultérieurs de la firme, qui resteront fidèles à son design jusque dans les années 90. La voiture marque également la première apparition du pédalier réglable Marcos associé à des sièges fixes — la commande mécanique deviendra plus tard électrique. D’abord équipée du moteur Volvo de la P 1800 et d’une complexe suspension arrière De Dion, elle recevra ensuite un Ford 1500 cm3 et une suspension simplifiée pour des raisons de coût.
Cette réussite sera suivie d’une autre, la Mini Marcos, révélée en 1965. Due à Malcolm Newell, la voiture a pour objectif d’offrir aux amateurs une GT bon marché. Raison pour laquelle elle est dotée de l’ensemble des éléments mécaniques de la BMC Mini, y compris la traction avant. Avec une carrosserie en fibre de verre vendue 199 £, le succès commercial sera au rendez-vous malgré une esthétique surprenante, qui vaudra à la voiture d’être qualifiée par les Britanniques de « ugly as Hell », laide comme l’enfer ! Un jugement assez mérité…
Marcos 1600GT - 1969 Marcos Heritage - D.R.
Mini Marcos Marcos Heritage - D.R.
Mais la Marcos hérite des composants de la Mini sans aucune modification, la proue massive abritant le radiateur de la puce d’Alec Issigonis. Cette voiture étonnante se forgera une solide réputation sur la piste, remportant de très nombreux lauriers. En outre, elle se fera remarquer aux 24 Heures du Mans 1966, où sera est la seule voiture britannique à terminer l’épreuve.
Malgré leurs succès, les Marcos GT n’en demeurent pas moins handicapées par leur châssis en bois, très long à construire. De plus, l’image de cette technique s’avère douteuse auprès du public. En 1969, les frères Adams conçoivent un châssis métallique tubulaire de section carrée. Par rapport à l’ancien schéma, la durée de fabrication est réduite de quinze heures.
Bien accueillies, comparées aux Lotus, Morgan et TVR, les premières Marcos à châssis métallique sont équipées de moteurs Ford V6 Essex et V4 deux litres. Mais la volonté de s’implanter sur le marché américain conduira à monter ensuite le Volvo six cylindres trois litres déjà doté d’un système antipollution.
Mini Marcos Marcos Heritage - D.R.
Marcos 3L V6 Marcos Heritage - D.R.