Essai ALPINE A110 Première Édition
Vincent Desmonts le 08/12/2017
Après vingt années d'absence et cinq ans de mise au point, voici enfin une nouvelle Alpine ! Mais notre patience est récompensée : cette Alpine A110 Première Edition mais deuxième du nom est une réussite totalement digne de sa glorieuse devancière.
Mission accomplie
L'histoire d'Alpine est celle, chaotique, d'un petit constructeur soumis aux caprices d'un grand groupe automobile. Après la gloire sportive des Berlinette, il y eut en effet les Renault 5 Alpine, les « Porsche à la française », puis le Spider Renault qui faillit s'appeler Alpine. En 1995, rideau : la marque tombe en sommeil et l'usine de Dieppe se consacre aux activités Renault Sport. Le « messie » d'Alpine s'appellera Tavares : devenu numéro 2 de Renault, ce Carlos parvient à convaincre l'autre Carlos (Ghosn) de relancer la petite sportive « made in France ». En 2012, une équipe d'une dizaine d'ingénieurs et designers est constituée, avec un cahier des charges très simple : retrouver l'esprit de la Berlinette, avec comme maître-mots compacité, légèreté et agilité. Cinq ans plus tard, après moult « teasings », concept-cars et quelques victoires en Endurance (dont une première place en LMP2 au Mans en 2016), la voici enfin ! Et pour ne rien arranger, on me tend les clés d'une Alpine A110 Première Édition toute neuve, revêtue du superbe bleu Alpine, qui sera mienne pour une (petite) journée. Alors pas de temps à perdre : direction le circuit du Grand Sambuc, histoire d'attaquer immédiatement les travaux pratiques !
Légère, mais confortable
La grosse demi-heure de route qui nous amène au circuit permet de prendre en mains l'auto, qui se révèle très docile et facile à vivre. La direction est douce mais précise et offre un subtil feedback. Le moteur 1.8 turbo (252 ch et 320 Nm de couple) est plein partout et délivre un son rauque plutôt sympathique. La boîte à deux embrayages (humides) est douce, réactive et navigue parmi ses sept rapports avec une logique plutôt convaincante. Enfin, le confort est bon. Certes, les suspensions sont fermes, mais elles ne sont jamais cassantes. Il faut dire que l'auto ne pèse que 1 103 kilos tous pleins faits, ce qui a permis de limiter la raideur des ressorts et le diamètre des barres antiroulis. L'A110 Première Edition tolère d'ailleurs un gîte en virage auquel les sportives contemporaines, ultra-verrouillées, ne nous ont pas habitués. Bref, on s'imagine facilement partir en week-end en amoureux avec cette Alpine, même s'il faudra voyager léger : les coffres avant et arrière cumulés n'affichent que 196 dm³ de volume. Côté présentation intérieure, l'Alpine A110 mélange le bon et le moins bon. Du côté du bon, on notera les superbes sièges baquet Sabelt habillés de cuir et d'Alcantara, les contreportes assorties à la couleur extérieure et qui reçoivent des médaillons de cuir matelassé, ou encore l'instrumentation sur écran à cristaux liquides, moderne et lisible. En revanche, les buses d'aération font un peu « cheap », l'interface du GPS n'est guère intuitive, certains plastiques manquent de classe et les rangements sont rares. Enfin, la visibilité arrière est quasi-nulle en manœuvres : une caméra de recul ne serait pas de trop.
Style élégant et dimensions compactes
Mais pas le temps de ronchonner : me voici arrivé sur le circuit. En attendant le briefing, j'admire les lignes de cette A110. Les références à la Berlinette des années 60 et 70 sont flagrantes, et pourtant, les stylistes ne sont pas tombés dans le piège d'un néo-rétro caricatural. Les chromes se limitent ainsi aux monogrammes « Alpine » ainsi qu'au fameux logo, que les artisans de la renaissance de la marque se sont bien gardés de « moderniser ». En termes de dimensions, si l'A110 est une géante en comparaison de la Berlinette, elle reste compacte aux standards actuels, avec 4,18 m de long (20 cm de moins qu'un Porsche Cayman), 1,80 m de large et 1,25 m de haut. Afin de tenir les objectifs de poids, la coque est en aluminium (collé à l'avant, soudé pour la partie arrière) et les ingénieurs ont traqué le moindre gramme superflu. Les sièges ne pèsent ainsi que 13,1 kg chacun (leur coque est en composite), les étriers arrière intègrent la fonction frein de parking (2,5 kg de gagnés) et même le fournisseur de l'installation audio a été mis à contribution : Focal a livré des haut-parleurs à aimants allégés.
Un châssis télépathique !
Situé à un jet de pierres de la Montagne Sainte-Victoire, le circuit du Grand Sambuc est un tracé très technique : virages en dévers, courbes sans visibilité et dégagements pour le moins réduits mettent les nerfs à rude épreuve ! Pour ne rien gâter, la météo est étonnamment nordique pour la région, avec des températures qui flirtent avec le zéro degré et un ciel chargé d'humidité. Alors on y va progressivement et on en profite pour tester les différents modes de conduite proposés, facilement accessibles via le bouton « Sport » situé sur le volant. En mode Normal, la boîte privilégie le confort, les clapets de l'échappement actif sont fermés et la direction est très douce. En mode Sport, la transmission se fait plus réactive, l'échappement plus volubile, tandis que la direction s'affermit (mais sans excès). L'ESP reste actif, à moins de le déconnecter via un interrupteur séparé. Parfait pour prendre l'Alpine A110 en mains sur ce circuit très glissant. Les premières impressions se confirment : la légèreté de cette auto fait des miracles, avec un moteur pétillant, un train avant incisif, un freinage efficace (malgré une pédale un peu dure). Mais c'est surtout le fabuleux équilibre de cette auto qui saute aux yeux ! Avec son excellente répartition des masses (AV/AR : 44/56) et la position de conduite idéale (tout près du centre de gravité), le pilote ressent les moindres mouvements de la voiture, qui « téléphone » toutes ses réactions. Du coup, on trouve assez vite le mode Sport un peu trop restrictif, en on engage le mode Track ! Cette fois-ci, la boîte « claque » ses changements de rapport avec virulence, tandis que l'ESP fonctionne en mode relâché. Et c'est grisant ! Direction ultra-précise, transmission rapide et sensations de conduite parfaites donnent l'impression que le châssis est directement relié à vos synapses. Ultra-agile mais aussi totalement instinctive, l'Alpine A110 Première Edition vous donne l'impression d'être un vrai pilote !
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Le « fun » avant le « grip »
Ces grisants tours de circuit finis, il est temps de rejoindre la route et de dresser un premier bilan. La meilleure idée des concepteurs de cette Alpine A110 a sans doute été de renoncer à toute quête du grip absolu, de la performance pure, de l'efficacité totale. À quoi bon acheter une sportive qui ne procure des sensations qu'à des allures que la morale réprouve ? L'Alpine est amusante aux vitesses légales. Elle n'a pas un grip infini, mais offre un équilibre somptueux. Enfin, son ensemble moteur-boîte n'a pas à rougir face au rugueux « flat-4 » d'un Porsche Cayman, même si cette transmission EDC est marginalement moins rapide qu'une PDK.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation