Saga Lancia
En 1906, Vincenzo Lancia crée son entreprise à Turin. Innovation, luxe et performances, l’homme donne à la marque sa philosophie pour l’ensemble de son existence.
sommaire :
LANCIA Aurelia B20
Gilles Bonnafous le 12/09/2005
Sobriété, efficacité, performance : tout dans l’Aurelia B 20 traduit les qualités qui ont inspiré sa conception. Car la voiture est née de la cuisse de Jupiter. Elle dérive de l’Aurelia B 10 qui, lancée en 1950, constitue la première réalisation de Gianni Lancia, entré dans l’entreprise de son père quelques années auparavant.
Première berline au monde à recevoir un moteur V6, l’Aurelia est un chef-d’œuvre technique dû au grand ingénieur Vittorio Jano, qui marquera l’histoire de l’automobile. Sa mécanique de 1750 cm3 se caractérise par l’angle peu ouvert de son V (à 60°), qui permet d’obtenir un ensemble particulièrement compact.
Lancia B 10 D.R.
Lancia B 10 D.R.
Le moteur ne constitue pas le seul intérêt technologique de la B 10. La voiture est également équipée d’une boite-pont, une innovation due à Jano qui l’avait déjà mise en œuvre en 1936 à une monoplace Alfa Romeo à moteur V12. Dans cette technique, la boîte de vitesses à quatre rapports est accolée au pont arrière dans le but d’offrir une répartition des masses plus équilibrée et donc une meilleure tenue de route.
Doté du V6 porté à deux litres de la berline B 21 lancée en même temps et d’un empattement raccourci de vingt centimètres (2,66 mètres) par rapport à cette dernière, le coupé Aurelia B 20 fait ses débuts au salon de Turin de 1951. Il frappe par la qualité exceptionnelle de son design. L'économie de moyens conduit au dépouillement des lignes et au refus de toute concession à quelque effet flatteur. A la fois austère et d'une rare élégance, le style puise sa force dans une sorte de volupté de la rigueur.
Lancia B 21 G. Bonnafous
Lancia B 20 Coupé 1e Série G. Bonnafous
Si la carrosserie originale a été créée par Ghia sur un dessin de Mario Boano, c’est le carrossier Viotti qui réalise les 98 premiers exemplaires. Le modèle est ensuite repris par Pinin Farina, qui apporte un certain nombre de retouches pour donner à la voiture son allure définitive. Le carrossier en assure alors la fabrication, avant d’apporter de nombreuses modifications tout au long de la carrière de la B 20. La carrosserie se compose d’une centaine d’éléments soudés à la plate-forme fournie par l’usine pour former une coque autoportante. Un procédé de fabrication complexe et onéreux.
Lancia Aurelia B 20 Pinin Farina D.R.
Lancia Aurelia B 24 G. Bonnafous
Au cours de ses sept années de vie, la B 20 connaîtra six séries successives, sans parler du magnifique spider dérivé, la B 24. Le moteur de la première série (500 exemplaires) diffère peu de celui de la berline B 21 : la puissance est portée à 75 ch grâce notamment à deux carburateurs Weber (vitesse de 160 km/h). La voiture se reconnaît à ses minuscules feux arrière.
Outre un look plus agressif et une puissance augmentée (80 ch), la deuxième série bénéficie d’une tenue de route améliorée grâce à une garde au sol abaissée de cinq centimètres. Baptisée B 20-2500 GT, la troisième série reçoit en 1953 la nouvelle version du V6, dont la cylindrée a été augmentée à 2,5 litres.
Lancia Aurelia B 20 D.R.
Lancia Aurelia B 20 D.R.
L’expérience acquise en compétition permet d’aboutir en 1955 à la version considérée comme la meilleure de toutes les B 20, la quatrième série. Grâce à un nouveau bloc et à une nouvelle culasse, la puissance passe à 118 ch, ce qui permet à la voiture d’atteindre la vitesse de 185 km/h. Le propre de ce V6 est d'être à la fois souple et pointu. Et il jouit d’une sonorité superbe, à la fois rageuse et ouatée, qui s'exprime au sortir de son double échappement. Un enchantement... Par ailleurs, le modèle est désormais disponible avec la conduite à gauche (avec le suffixe S pour sinistra).
Lancia Aurelia B 20 4e Série G. Bonnafous
Lancia Aurelia B 20 4e Série G. Bonnafous
Avec la cinquième série lancée l’année suivante, l’Aurelia GT perd de son brio. La modification des culasses ramène la puissance à 110 ch, tandis que la voiture prend quelques dizaines de kilos supplémentaires. La B 20 retrouvera un peu de sa superbe avec la sixième et dernière série, aisément identifiable à ses portières munies de déflecteurs.
Voiture anti-frime par excellence, la B 20 appartient à cette race d’automobiles représentatives d’une certaine élite de l’Italie du Nord et qui évoque l’univers d’Antonioni. Dédaignant fanfaronnade et effets tapageurs, elles se distinguent par leur raffinement et leur sobriété qui témoigne du meilleur goût.
Bourrée de charme, la B 20 est de ces voitures qui imposent le respect, comme par déférence à une œuvre conçue dans la passion. Mais une passion conjuguée à l’esprit d’exigence et au souci de la perfection, qui en firent, lors de son lancement en 1951, une pionnière du concept moderne de GT.
Lancia Aurelia B 20 4e Série G. Bonnafous
Lancia Aurelia B 20 4e Série G. Bonnafous