Essai PORSCHE 911 Carrera
Jean-François Destin le 04/10/2001
Cette Porsche Carrera 2001 peut être assimilée à une phase 2 de la nouvelle génération (Type 996) apparue en 1997.
Présentation
Les mythes s'entretiennent avec le plus grand soin. Chez Porsche, on en a d'autant plus conscience que la 911 lancée en 1963 s'est vite révélée irremplaçable. Les 914/6, 944 et 928 n'ont jamais réussi à lui faire de l'ombre. Même le très réussi Porsche Boxster pourtant très proche et moins cher, l'égratigne à peine dans les statistiques. En France, la Porsche 911 constituera encore 52% des 1260 ventes Porsche prévues en 2001 alors que le prix d'attaque de la Carrera tourne autour des 76700 € !
Cet engouement pour un modèle unique au monde dans sa longévité tient au maintien d'un concept stylistique et technique qui n'a jamais cessé de séduire les amateurs de sportives de haut niveau. Conscient du phénomène et sans doute par peur de casser la poule aux œufs d'or, le constructeur de Stuttgart s'est toujours contenté d'effectuer un peaufinage discret mais efficace de son joyau pour contrer la concurrence et accroître le plaisir de conduite. C'est encore le cas avec cette Porsche Carrera 2001 que l'on peut assimiler à une phase 2 de la nouvelle génération (Type 996) apparue en 1997. Il s'agit cette fois de la différencier de la version la plus évoluée du Porsche Boxster tout en la rapprochant de la 911 Turbo.
Design
Trente huit ans d'une lente évolution sans pratiquement aucune faute de goût. C'est d'autant plus remarquable qu'en 1997, la génération 996 avec son pare-brise beaucoup plus incliné a constitué une petite révolution, la nouvelle venue faisant vieillir d'un seul coup celle que l'on croyait indéracinable.
Cette fois, les stylistes ont voulu établir quelques subtiles passerelles entre la Porsche Carrera et l'élitiste Turbo. On le remarque au niveau des optiques et d'un nouveau bouclier intégrant des prises d'air agrandies (+15% de refroidissement). A l'arrière, les signes distinctifs concernent une moulure et deux embouts d'échappement ovales.
Côté roues, le client pourra garder les 17 pouces en alliage à dix branches montées de série. Par rapport à l'ancienne Carrera, ces dernières assurent un allègement de 9,1% soit 3,6 kg. La plupart des acheteurs préfèrent des 18 pouces en option (pour cette fois 10,6 kg de gagnés).
Habitacle
Les possesseurs de la nouvelle Porsche Carrera seront flattés de bénéficier de l'instrumentation de la Turbo intégrant un compteur gradué jusqu'à ... 340 km/h et un écran affichant les données de l'ordinateur (consommation instantanée, autonomie, température extérieure etc...). En revanche on peut trouver superfétatoire les touches en alu brossé disséminées et exagérément rebadgées de l'écusson Porsche ou de la signature en toutes lettres (sur le frein à main!).
Les sièges partiellement recouverts de cuir font partie de l'équipement standard tout comme le thermovitrage, la climatisation régulée et l'alarme antivol. On note encore un volant à trois branches (placé trop bas) et l'apparition sous l'airbag passager d'une boite à gants de bonne taille (5 dm3). Enfin, la remarquable finition est difficile à prendre en défaut.
A noter que la nouvelle 911 cabriolet dispose comme ses devancières de deux arceaux anti-retournement mais reçoit cette fois une lunette arrière de capote en verre. A ce prix, ce n'est pas du luxe.
Moteur
Dénominateur commun à toutes les 911, l'inimitable 6 cylindres à plat refroidi par eau a subi une augmentation de cylindrée (3.4l à 3.6l) pour atteindre 320 ch et offrir un couple de 370 Nm à 4250 tours.
Il est pour la première fois sur la Carrera doté du "VarioCam Plus" associant le calage variable des arbres à cames d'admission et la levée des soupapes d'admission. Ce système complexe permet selon Porsche d'obtenir plus de puissance et de couple tout en réduisant la pollution et la consommation. A voir dans la mesure ou notre parcours d'essais emprunté à vive allure sans plus a été sanctionné par un 16,2l aux cent.
Au niveau de la transmission, nous avons de loin préféré la boite mécanique à 6 rapports (même si une petite accoutumance est réclamée pour le guidage du levier) à la boite Tiptronic empruntée à la Turbo, un automatisme peut adapté au caractère du moteur.
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Sur la route
S'installer aux commandes d'une 911 équivaut à enfiler des chaussures de luxe faites sur mesure. Lorsqu'on y a goûté une fois, les automatismes reviennent au galop au point que sanglé dans l'excellent baquet, on fait immédiatement corps avec la voiture pour détecter, voire devancer ses moindres réactions.
Plus confortable et amortie à haute vitesse qu'à faible allure (où la suspension se montre trépidante et fatigante), cette Porsche Carrera 2001 vous ensorcelle en quelques kilomètres et vous invite, au rythme des accents rauques du 6 cylindres à passer à l'attaque.
Se montrer rapide et efficace au volant d'une Porsche 911 surtout sous la pluie n'est pas très facile du fait de la prédominance du poids sur le train arrière propulseur. La bonne trajectoire réclame du doigté et de l'anticipation mais il faut vraiment rouler très vite pour atteindre et dépasser ce seuil délicat.
Curieusement, c'est la Porsche Carrera 4 à transmission intégrale réputée la plus stable et accrocheuse qui bénéficie en série du contrôle de trajectoire PSM (Porsche Stability Management).