Essai FORD StreetKa
Jean-François Destin le 09/06/2003
La Ford Streetka, mini biplace très " tendance ", vient s'opposer par exemple au roadster Smart.
Présentation
La réussite annoncée de la Ford Streetka est d'autant plus insolite que ce projet dérive d'un modèle de série qui n'a pas, loin s'en faut, fait l'unanimité. Présentée en 1996 au Mondial de Paris, la petite citadine Ford Ka située au dessous de la Fiesta avait déclenché moqueries et railleries. Chez Ford, on était en plein délire du " edge Design " et Claude Lobo, le styliste semblait très fier de présenter cette mini toute ronde aux passages de roues proéminents en plastique noir. Un artifice qui fit dire à un autre patron du design d'un grand constructeur français qu'avec la Ka, la génération " couches-culottes " était en route !
Foin de ce coup de pied de l'âne, Ford, en dépit de son manque de place à l'arrière et d'une finition légère, entreprit de promouvoir la Ka en mettant en avant ses réelles qualités routières, sa maniabilité et son agrément de conduite. Très vite, on tenta d'atténuer l'outrance des passages de roues en les proposant en acier peint dans la teinte de la carrosserie. Mais c'est finalement chez Ghia, partenaire historique de Ford que l'on trouva la bonne solution stylistique en dévoilant dès 1995 la concept Saetta puis en 2000 toujours au Salon de Turin le concept Streetka. Si l'avant restait très voisin de celui de la Ford Ka, l'arrière était totalement remanié, le sacrifice des places arrière permettant de ménager un logement pour la capote tout en conservant une capacité de coffre acceptable.
Depuis 2003, la Ford Streetka fabriquée en petite série chez Pininfarina Industrie en Italie, a intégré la gamme Ford. Disponible uniquement avec un 1600 cm3 de 95 ch, elle est vendue 18.900€.
Design
On l'a souligné en préambule, ce n'est pas l'avant mais l'arrière qui heurtait l'œil des puristes en découvrant la Ka. Chris Bird et son équipe ont ainsi décidé de conserver le capot court et plongeant de la Ka ainsi que ses optiques qui lui offrent un visage sympathique. Par contre la moitié arrière a pu être entièrement repensée en supprimant les places arrière Les nouveaux feux au dessin moderne s'harmonisent parfaitement avec le regard avant. Par rapport au concept Streetka, on note le rajout d'un becquet aérodynamique du meilleur effet sur le très design couvercle de malle tandis qu'un exclusif feux rond de recul semble avoir pris la place du pot d'échappement. A noter aussi les jolis feux de brouillard encadrant la plaque minéralogique.
Côté passage de roues, on retrouve le galbe des Ka de départ mais ils s'intègrent bien à l'ensemble d'autant que la largeur des voies posent les roues (pneus: 195/45 R 16) presque en affleurement de la carrosserie. Enfin, dernier élément positif lorsqu'on découvre Streetka de profil : un habitacle idéalement situé au beau milieu de la carrosserie.
Habitacle
Economies obligent : Ford n'a pas cru bon d'investir dans une planche de bord inédite. Dommage car celle de la Ka ne brillent ni pas sa qualité de fabrication ni par sa fonctionnalité (peu ou pas de rangement). Pour remiser quelques petits vêtements, on peut trouver un peu de place derrière les dossiers des sièges mais les manettes de dégagement des dits dossiers ne sont pas idéalement placées. A noter encore un petit coffre de rangement situé sur la paroi arrière entre les deux sièges. On y trouve aussi le déclencheur manuel du coffre.
Economie toujours, la Streetka n'hérite pas d'une capote doublée et électrifiée. Le tout est basique comme au bon vieux temps des roadsters anglais. Mais le maniement reste aisé à condition que l'on sorte de la voiture. En revanche, si l'étanchéité au froid et à la pluie reste convenable, le bruit environnant parvient jusqu'aux oreilles des occupants surtout à haute vitesse lorsque quelques sifflement aérodynamiques s'en mêlent. Bon point : le couvre capote en tôle peinte met la capote bien à l'abri tout en ménageant l'esthétique de l'arrière.
Châssis
Ford a utilisé des recettes connues pour rendre la Streetka vive maniable et amusante à conduire. A l'excellente rigidité de la Ka s'ajoutent des voies élargies, une monte de pneus plus généreuse, des suspensions affermies et une direction très directe (2,5 tours de volant de butée à butée). Ces deux dernières transformations ont pour inconvénients de dégrader le confort et d'interdire tout coup de volant intempestifs sous peine de se retrouver en travers ou en tête à queue.
Moteur
Alors que la Sportka (autre variante ludique) a droit au 1300 de 60 ch et au 1600 de 95 ch, la Streetka n'hérite que de ce dernier bloc. Sur le papier, on peut penser que cette puissance inférieure à 100 chevaux va peiner mais il n'en est rien car Streetka n'affiche que 935 kg sur la bascule. Sans culasse multisoupapes, ce 1600 cm3 se montre réactif grâce à une boite aux rapports réaménagés et suffisamment souples pour être plaisant en ville.
C'est peut-être à haute vitesse et au delà des 4500 tours au compte-tours qu'il avoue ses limites. Au demeurant, les trépidations de suspension et le bruit suffiront à dissuader les clients de rouler vite longtemps. Un mot encore pour regretter l'appétit de ce moteur surtout lorsqu'on joue souvent du levier de vitesses.
Sur la route
On l'a compris, la Streetka la bien nommée est davantage faite pour se faufiler en ville ou sur les corniches de bord de mer que pour abattre des kilomètres sur autoroute. Ford a réuni des réglages permettant de s'amuser au volant. Et précisément, j'aurais aimé que la direction soit un peu moins directe. De même, le confort serait meilleur si la suspension n'avait pas été aussi affermie. En revanche, le petit levier de vitesses satisfait par son guidage et par sa course courte. Quant à rouler cheveux au vent, il convient, faute d'un pare-vent, de disposer d'un fichu (pour les femmes) et d'une bonne casquette car les courants d'air deviennent vite agaçants.
Equipements
La direction assistée, les vitres et rétros à commande électrique, le verrouillage centralisé avec télécommande, les 4 airbags, la capote manuelle, l'air conditionné, la sellerie et le volant en cuir, les sièges sport, l'autoradio CD et les phares antibrouillard.