Essai MERCEDES Classe SL
Jean-François Destin le 21/02/2006
Le Mercedes SL est un vrai mythe depuis plus de 50 ans. Pour le Salon de Genève 2006, Mercedes propose une nouvelle version.
Présentation
Au Salon de Genève 2006 sera exposé début mars en première mondiale le nouveau Mercedes SL. Si la marque parle de nouvelle génération, les visiteurs resteront perplexes en cherchant les différences stylistiques marquantes. La nouvelle grille de calandre, la forme différente des pare-chocs, des projecteurs anti-brouillard et des feux arrière n'affectent qu'au détail la silhouette magnifique du coupé/cabriolet lancé en 2001. « Il plait tellement à la clientèle que nous n'avons pas osé y toucher » ont reconnu les designers au cours d'une présentation internationale de grande ampleur à Majorque en Espagne.
Le Mercedes SL constitue depuis plus de 50 ans un tel mythe que le constructeur de Stuttgart a préféré cette fois agir sur son potentiel dynamique en proposant un V6 retravaillé en entrée de gamme et des V8 et V12 plus puissants (allant de 388 ch pour le SL 500 à 517 ch pour le SL 55 AMG et le V12 SL 600) mais également plus sobres et moins polluants. La direction rendue plus directe et la suspension Airmatic ABC (Active Body Control) revisitée renforcent encore son caractère sportif sans dégrader son confort et son pilotage en toute sécurité. Des surveillances électroniques souvent décriées mais d'une efficacité bienvenue sur les lacets piégeux des falaises de la cote ouest de l'île espagnole.
Malheureusement, l'évolution constante de la technologie et l'enrichissement de l'équipement touchant le confort et la sécurité se traduisent une nouvelle fois par un alourdissement. On note de 30 à 80 kilos selon les modèles, le SL 55 AMG approchant les 2 tonnes. Que reste t-il de cette philosophie SL (-Sport Leicht- soit en français -Sport Léger-) des fameuses 300 SL des années 50 dont le poids restait en dessous des 1300 kilos (et 850 kg pour les protos de compétition !) ? Je me suis d'autant plus posé la question que Mercedes nous a invité à prendre le volant des W 198 I de 1954 à 1957 tout droit sortis du musée de Stuttgart. Des joyaux de collection en parfait état dont le prix oscille aujourd'hui entre 400 et 500.000 € ! Une belle preuve de confiance.
Avant d'être remplacé par un modèle inédit (pas avant 2010 au mieux), le Mercedes SL vendu à plus de 663.000 exemplaires depuis sa réapparition moderne en mars 1989 reste sans concurrence en attendant le nouveau XK de Jaguar. Le suréquipement et les performances en hausse ont également « boosté » les prix. A part le SL 350 qui, à 88.000 €, justifie sa légère hausse de 1200 € par un montage en série de la boite 7 G tronic, tous les autres modèles augmentent dans des proportions parfois importantes. La palme revient au SL 55 AMG dont le tarif passe de 145.000 à 156.000 €. Cher pour 17 chevaux supplémentaires. Enfin pour ceux qui ne comptent pas, le SL 65 AMG (V12 de 612 chevaux) coûte désormais 225.000 € !
Une longue lignée
Sans doute pour se faire pardonner d'avoir mobilisé la presse 24 heures pour une simple évolution, DaimlerChrysler nous avait réservé une sacrée surprise. Avant même de découvrir le SL 2006, on nous convia à choisir un modèle de collection pour nous rendre au départ des essais. Pas moins de 21 modèles retraçant un demi-siècle de l'histoire du SL de 1954 à 1998. De la 300 SL porte papillon, la fameuse W 198 I au 500 SL de 1998 en passant par le roadster 300 SL de 1958 à 1961 et le célèbre 230 SL Rallye « Börhinger ». De quoi faire bouillir le sang de n'importe quel collectionneur.
Pour la première fois de ma longue vie professionnelle, j'ai pu ainsi m'installer au « grand volant » d'un coupé 300 SL 198 W1 et mieux encore le piloter sur routes ouvertes.
Un plaisir immense teinté d'une angoisse de commettre une maladresse coûteuse. Starter chromé tiré, le 6 cylindres de 215 chevaux s'ébroue après trois tentatives seulement du démarreur. Puis c'est l'incroyable découverte d'un embrayage court et d'une direction à la démultiplication démesurée. Presque rien à côté de l'absence quasi totale d'un freinage digne de ce nom.
Ce « sommet » de la voiture de sport des années 50 me fait déjà transpirer malgré l'entrebâillement du petit déflecteur. Je ne vois rien dans l'unique rétro d'aile planté à gauche et malgré ma taille respectable, je regarde la route à travers le volant ! Habitué aux voitures modernes, je fais gémir la boite de vitesse à 4 rapports malgré tout bien étagée. Capable d'entraîner la voiture à 260 km/h, le 6 cylindres de 215 chevaux émet un bruit envoûtant inhabituel ! Après 30 kilomètres de ce trajet hors du temps à vitesse raisonnable, je respire à l'idée de rendre cette 300 SL de collection dans son état de départ.
Tout à mon plaisir, je descends sans penser à la faible hauteur de la porte papillon et de sa poignée chromée. J'en suis quitte pour une bosse sur la tête. Un vénérable bobo pour quelques instants de rêve, c'est donné.
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Sur la route
En ouvrant la lourde portière du SL 500 dernier modèle, j'ai l'impression de retrouver un univers de douceur et de volupté. L'insonorisation parfaite, le léger frémissement du V8 et l'onctuosité de la boite automatique 7 G-Tronic nous invite à une conduite sereine et détendue. Mais le SL, c'est aussi un cabriolet et il suffit de soulever un petit couvercle en alu pour enclencher le repliage automatique du toit dans le coffre. Un ballet bien réglé d'une vingtaine de secondes qui ravit toujours les badauds. Outre l'agrément d'un V8 décidément souple, « coupleux » et très réactif, nous avons surtout noté les progrès de la direction et d'une tenue de route encore améliorée sans aucune dégradation du confort de suspension.
Ces retrouvailles avec le SL nous ont permis de constater que ce coupé/cabriolet d'exception mariant raffinement, performances et agrément de conduite reste unique sur le marché malgré la présence du Cadillac XLR. Seul le nouveau XK Jaguar mâtiné d'Aston Martin sera susceptible de lui faire un peu d'ombre bien que pour disposer à la fois d'un coupé et d'un cabriolet, il faudra acheter …deux modèles !