Acheter une PEUGEOT 504 Cabriolet
Gilles Bonnafous le 12/01/2006
Fidèle à sa politique de déclinaison de gamme, Peugeot ne tarde pas à dévoile au salon de Genève de 1969 la Peugeot 504 Cabriolet.
Historique
Imposante voiture présentée en septembre 1968, la berline 504 représente les valeurs traditionnelles de sérieux et de robustesse de la marque. Si elle remplace la 404, dont son moteur est dérivé, la 504 présente un gabarit plus important que sa devancière, tandis que la cylindrée passe de 1600 à 1800 cm3. Qu'on ne s'y trompe pas, ces 200 cm3 traduisent beaucoup plus qu'il n'y parait. C'est un changement de catégorie.
Fidèle à sa politique de déclinaison de gamme, Peugeot ne tarde pas à dévoiler, au salon de Genève de 1969, ses versions les plus luxueuses. En cabriolet comme en coupé, la 504 connaît une véritable métamorphose esthétique. A l'image de leurs homologues dérivés de la 404, mais plus encore que ces derniers, ces modèles n'ont plus rien de commun avec les formes de la berline — contrairement aux cabriolets 203 et 403.
Avec le cabriolet, la 504 se métamorphose et le décor change du tout au tout. La prude fille de Sochaux apparaît sous les traits d'une séduisante italienne, qui s'inscrit dans la lignée des réalisations de Pininfarina pour Peugeot. Remarquable synthèse de sobriété et d'élégance, le cabriolet apparaît comme l'un des plus séduisants de la production sochalienne.
Le mois d'août 1983 met un terme à la production du cabriolet, qui disparaît du catalogue avec l'ensemble de la gamme 504.
Identification
Au cours de son histoire, le cabriolet 504 a connu trois types de design, qui concernent essentiellement la face avant. Il est aisément identifiable à ces signes extérieurs :
- Calandre à trois barrettes décoratives encadrant le lion et pare-chocs chromés.
- Nouvelle configuration en septembre 1974 lors du lancement du V6 : le lifting affecte le dessin de la proue et de la poupe. La calandre, élargie en sa partie médiane, perd ses trois barrettes, tandis que les doubles phares sont désormais inclus sous un même globe. De nouvelles roues plus élégantes figurent également au programme de cette modernisation.
- La troisième version de la face avant apparaît au salon de Paris de 1979. Elle se distingue à ses pare-chocs en polyuréthane peint de la même couleur que la carrosserie. En même temps, la calandre s'enrichit de discrètes barres argentées.
Pour prendre garde aux modèles anciens maquillés en productions récentes (cela n'arrive pas qu'aux Porsche 911 !), il convient de s'informer du numéro de série. La trappe de carburant située sur l'aile arrière gauche, dont l'emplacement a été légèrement modifié en 1977, constitue un piège pour les tricheurs. Se méfier des épaves repeintes mises en vente dans certaines annonces, auxquelles des jeunes non expérimentés peuvent se laisser prendre… Ne pas hésiter à contacter l'Aventure Peugeot pour demander une attestation d'origine constructeur afin de vérifier l'authenticité d'une voiture.
Pour s'y retrouver, trois moteurs et trois face avant :
- Mars 1969 : présentation du cabriolet avec moteur 1800.
- Septembre 1970 : apparition du moteur 2 litres.
- Septembre 1974 : design type 2 et apparition du V6.
- Septembre 1977 : disparition du cabriolet V6.
- Septembre 1979 : design type 3 et boîte 5 vitesses sur le 4 cylindres.
- Août 1983 : arrêt de la production.
Structure, châssis, carrosserie
Avec le cabriolet 504, nous sommes loin de l'esprit du roadster anglais. Confortable, le cabriolet 504 est aussi très élégant. La pureté du trait et l'absence de concession à la mode permet à son design de résister au temps et de conserver sa modernité. Pininfarina s'est surpassé dans le classicisme pour son fidèle client francomtois. On ne relève aucune note agressive dans ces lignes sages. On remarque particulièrement la symétrie entre les parties avant et arrière. Seuls les feux arrière disposés en biais apportent une note de fantaisie.
Le cabriolet reprend la structure de la berline. L'empattement a toutefois été réduit de 19 centimètres et la voie arrière élargie de 5 centimètres. Bien que plus court de treize centimètres, le cabriolet 504 affiche sensiblement le même poids que la berline, ce qui n'est pas surprenant s'agissant d'une voiture de carrossier — les carrosseries sont fabriquées à Turin. Il bénéficie d'un généreux coffre à bagages d'une capacité supérieure à 300 dm3. Quant à la capote, elle se révèle d'un maniement aisé, une qualité rare à l'époque pour les capotes manuelles.
La faiblesse principale du cabriolet 504 tient à sa grande sensibilité à la corrosion. Celle-ci trouve sa source à la fois dans la mauvaise conception du système d'écoulement des eaux et dans la médiocre protection des tôles qui n'ont bénéficié que tardivement du traitement anticorrosion. Avant tout achat, Il convient de procéder à une inspection en règle de tous les corps creux et parties basses de la carrosserie (jupes, bas de caisse, bas des ailes et planchers). La partie frontale du capot est également vulnérable en raison d'une gouttière interne où l'eau stagne. De même, se méfier des ourlets et replis de tôle comme les bordures d'ailes. Tous les points de pénétration possible de l'eau doivent être vérifiés, tels que les joints de pare-brise et de lunette arrière, ainsi que les pieds de portes. L'eau s'accumule également dans une partie creuse du plancher située sous le sac à capote.
Groupe motopropulseur
Le moteur du cabriolet reprend celui de la berline, le quatre cylindres super carré de 1,8 litre, mais uniquement dans sa version à injection développant 90 ch DIN. Grâce à un pont légèrement plus long, la vitesse de pointe est améliorée (170 km/h).
A l'instar de la berline, le cabriolet reçoit le moteur de deux litres au salon de Paris de 1970. Légèrement réalésé, il développe 104 ch DIN. Si ces quelques vitamines supplémentaires sont les bienvenues, elles ne bouleversent pas la personnalité de la voiture, qui atteint 180 km/h en pointe.
Le millésime 1975 sonne le glas du quatre cylindres qui disparaît au profit exclusif du V6. Mais cette éclipse sera de courte durée. Dès 1977, la situation est renversée pour le cabriolet qui retrouve le quatre cylindres (porté à 106 ch DIN) et perd le V6. Il n'y aura donc jamais de cabriolet V6 injection, dont est doté le coupé à partir de septembre 1977. Les 977 cabriolets V6 construits sont donc tous à carburateurs et boîte à quatre vitesses.
La mécanique est d'abord accouplée à une boîte de vitesses à quatre rapports. Une transmission automatique ZF est proposée en option en septembre 1971. Elle sera très peu choisie sur le cabriolet (287 exemplaires). Au salon de Paris de 1979, outre l'allumage transistorisé Bosch, le cabriolet 504 reçoit en série la boîte à cinq rapports.
Le nouveau V6 PRV prend place sous le capot du cabriolet 504 dès le mois de septembre 1974. Il s'agit en l'occurrence d'un privilège puisque la 604 ne sortira qu'un an plus tard. Bien que fort décrié à ses débuts, il apporte néanmoins un supplément d'âme et de puissance indispensable au standing de la voiture. Peu brillant et très gourmand, ce groupe qui développe 136 ch DIN dans sa première version, entraîne tout de même le cabriolet à 185 km/h. Mais la consommation atteint des niveaux dissuasifs (de 14 à 17 litres aux 100 km), d'autant que la boîte ne comporte que quatre vitesses.
Mécaniquement c'est le quatre cylindres qui s'avère le plus fiable, mais les deux motorisations supportent allègrement les 250 000 km. Le V6 à carburateurs se révèle d'un réglage difficile et il manifeste sa mauvaise volonté lors des démarrages à chaud. Le quatre cylindres souffre (comme souvent sur les Peugeot) de son joint de culasse, qui doit être changé approximativement tous les 100 000 km, tout comme la distribution (en profiter pour renouveler la courroie d'entraînement de la pompe d'injection).
Suspensions et trains roulants
La suspension à quatre roues indépendantes du cabriolet 504 représente un heureux compromis entre confort et comportement routier.
Hérité de la berline, le train arrière dispose de bras obliques tirés qui procurent un excellent guidage. Toutefois, les ressorts hélicoïdaux ont été affermis. L'équipement est complété par deux barres stabilisatrices. Grâce à cette excellente suspension, la tenue de route du cabriolet 504 mérite tous les éloges.
Freinage, direction, pneus
Comme sur la berline, les quatre freins à disques confèrent à la voiture un freinage sans reproche. Ils disposent d'une assistance.
La direction est à crémaillère. D'abord non assistée, elle recevra un dispositif d'assistance sur le millésime 1975.
Habitacle, finitions
Le cabriolet 504 offre le privilège de quatre vraies places confortables. Il est même l'un des rares en Europe à proposer cet avantage. C'est une voiture confortable et bourgeoise née pour le voyage et s'adressant à des couples installés dotés d'une progéniture.
L'intérieur se révèle moins chaleureux que celui du coupé et quelques bruits aérodynamiques sont à mettre au compte de la capote. Bien dessinés, les sièges offrent une bonne assise et l'on bénéficie d'une généreuse habitabilité à l‘avant. Plus limitées, les places arrière peuvent néanmoins accueillir deux passagers adultes dans de bonnes conditions.
On retrouve dans l'habitacle le même parti pris de sobriété que celui de la berline. L'ensemble apparaît banal et il faudra attendre longtemps pour constater de significatifs progrès dans ce domaine. Si on remarque la présence de lève-vitres électriques en série, peu courants à l'époque, il manque un compte-tours au tableau de bord. D'inspiration typiquement Peugeot, la finition de ce dernier, en particulier son fond à l'aspect métallique, sent l'économie. Ce qui paraît surprenant vu le caractère hors série de ces modèles et leur prix élevé.
La version 2 litres lancée au salon de Paris de 1970 voit l'apparition d'un compte-tours au tableau de bord.
Un nouvel intérieur marron et beige remplace l'ancien de couleur noire sur le millésime 1975.
Au salon de 1979, l'habitacle reçoit un traitement vraiment digne du design de la voiture, avec des boiseries à base d'essences nobles.
Une refonte du tableau de bord intervient en 1982. Orné désormais de deux grands cadrans abritant le tachymètre et le compte-tours, l'ensemble a beaucoup d'allure. Mais il est bien tard !
Prise en main
Le 4 cylindres : un peu juste
Les accélérations ne sont pas foudroyantes, avec 18 secondes aux 400 mètres et 34 secondes au kilomètre — contre 35 pour la berline grâce à un maître couple moins important. Les reprises en quatrième sont léthargiques et l'étagement de la boîte de vitesses paraît perfectible, avec un trou entre le deuxième et le troisième rapport. Le manque de puissance et le poids excessif obligent à solliciter les régimes, donc à bousculer quelque peu la voiture pour en tirer de franches accélérations. Avec les inévitables conséquences que cela implique sur le niveau sonore ! Le beau plumage s'accommode mal de ce traitement énergique qui altère l'image de la belle sculpture.
Le V6 : Confort et souplesse
Si la nervosité des accélérations paraît convenable, sans plus, le velouté du V6 est bien réel et son couple autorise des reprises effectives à très bas régime. On ne peut que louer la maniabilité du levier de vitesses et sa douceur. La direction se révèle légère et précise, quoique assez démultipliée et le freinage n'appelle aucune critique négative.
Un comportement routier exemplaire
Le cabriolet 504 est un modèle spécifique doté d'un comportement routier qui lui est propre. La tenue de route apparaît comme l'un des points forts de la voiture, d'une remarquable homogénéité. Les éloges vont à la tenue de cap, ainsi qu'au comportement en courbes où le cabriolet s'inscrit parfaitement dans la trajectoire qu'on lui assigne. On en vient naturellement à souhaiter une motorisation plus en rapport avec ses capacités routières. Même la version V6 paraît en dessous des limites d'exploitation, ce qui contribue à renforcer le sentiment de sécurité au volant. Il convient néanmoins de faire preuve de vigilance sur sol mouillé, où les roues motrices peuvent amorcer des mouvements de décrochage, qui seraient plus aisément contrôlables avec une direction moins démultipliée.
Côte et budget d'entretien
Le prix d'un cabriolet 504 dépend beaucoup de l'état de sa carrosserie, compte tenu du problème de corrosion. Pour un exemplaire en très bon état du modèle quatre cylindres, la cote s'établit à 12 000 €. Il faudra mettre au moins 2000 € de plus pour acquérir le rare V6 (977 exemplaires produits), malgré son appétit glouton (carburateurs et boîte à quatre vitesses).
Le cabriolet 504 offre l'avantage d'être utilisable au quotidien, à l'image d'une voiture moderne — qu'il est d'ailleurs. Le soumettre à un tel usage ne présente aucune difficulté, comme le prouvent certains membres de « L'Amicale 504 CC » qui ne possèdent pas d'autre véhicule « moderne » aux yeux des assureurs. A condition d'être scrupuleusement entretenu, il dépassera largement les 200 000 kilomètres au compteur.
Pour la plupart disponibles dans le réseau Peugeot, les pièces mécaniques ne posent guère de problème d'approvisionnement. Pour autant, tout ce qui touche au V6 n'est pas bon marché.
Par contre, certains éléments de carrosserie sont difficiles à trouver, comme les ailes (avant et arrière). On s'arrache également les intérieurs des derniers modèles, comme les grands cadrans du tableau de bord de 1982. Mais il convient de fuir certains vendeurs de pièces, amateurs marrons, qui pratiquent des tarifs prohibitifs.
Carnet d'adresses
LES CLUBS
Amicale 504
Lotissement le Beaulieu
26760 Monteleger
Tel : 01 48 68 45 71
https://www.amicale504.fr
L'Aventure Peugeot
Carrefour de l'Europe
25600 SOCHAUX
Tél. 03.81.99.42.03
PIÈCES DÉTACHÉES
Réseau Peugeot pour les pièces mécaniques (certaines ne sont plus disponibles)
Note au lecteur : ce guide ayant été publié le 12/01/2006, les prix indiqués pour les pièces et la côte des véhicules risquent de ne plus refléter l'état actuel du marché.