Festival Automobile Historique 2005
Pour sa deuxième édition, le Festival Automobile Historique a joué de malchance avec la météo. Le public a pu néanmoins y admirer des modèles de grand intérêt par leur rareté ou leur importance historique.
sommaire :
JAGUAR XK 120 Ghia Supersonic
Gilles Bonnafous le 11/10/2005
La Jaguar XK 120 que son propriétaire, Jean-Claude Ferchaud, présentait dans l’espace du French Jaguar Drivers’ Club est une voiture tout à fait exceptionnelle. Réalisée par la Carrosserie Ghia en 1954, elle arbore le style flamboyant dû au talent de Mario Savonuzzi. Baptisé Supersonic, ce dessin très « dream car » a été mis en œuvre sur trois châssis d’XK 120. Cette Jaguar très spéciale a été présentée aux salons de Londres et de Paris en 1954.
La Jaguar XK 120 et son propriétaire Jean-Claude Ferchaud. G. Bonnafous
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Deux XK 120 Supersonic avaient été commandées par un certain Malpelli, un soyeux lyonnais, celle que possède aujourd’hui Jean-Claude Ferchaud et une bleue, qui existe toujours et se trouve dans la région de Lyon. De nombreux détails décoratifs différencient les deux véhicules : la calandre, les ouïes d’aération sur le capot (la bleue est dotée d’une prise d’air) et l’absence d’extracteurs d’air sur les côtés. Quant au troisième exemplaire, de couleur blanche et immatriculé en Suisse, on ne sait ce qu’il est devenu.
G. Bonnafous
Les Jaguar ne sont pas les seules à avoir reçu la carrosserie Supersonic. La première voiture à bénéficier de ce style fut une Alfa Romeo, qui courut les Mille Milles en 1953. Elle fut si appréciée que Ghia décida de développer ce design sur d’autres châssis. Quatorze Fiat 8V furent ainsi construites sur une série programmée de cinquante, ainsi qu’une Aston Martin réalisée en fibre de verre.
G. Bonnafous
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L’XK 120 de Jean-Claude Ferchaud est la seule à avoir reçu une culasse travaillée par Virgilio Conrero : la pipe d’admission a été taillée dans un bloc d’aluminium et trois carburateurs Weber double corps ont été montés en lieu et place des deux SU. Le six cylindres développe ainsi 220 ch.
La Supersonic a été entièrement construite à la main, ce que révèlent certains détails. Ainsi, on peut voir sur les pantographes, qui tiennent le couvercle de la malle arrière, les lignes de traçage et les coups de pointeau pratiqués pour la découpe manuelle. Elle présente également quelques équipements sophistiqués comme l’ouverture du capot, qui se fait par une poignée placée dans la tranche de la portière. On note aussi une tentative de ceintures de sécurité.
G. Bonnafous
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L’historique de la voiture est parfaitement connu. Elle a participé à divers concours d’élégance à Montreux et à Cannes en 1954 — où les trois 120 Supersonic étaient conviées. Son premier propriétaire la cédera ensuite Royal-Elysées, où elle demeurera jusqu’en 1969, quand Charles Delecroix cessera l’importation des Jaguar. Royal-Elysées vendra alors ses voitures en stock et c’est Philippe Renault qui en fera l’acquisition, avant de la céder à Roland Urban. Ce dernier l’exposera dans le musée consacré aux Jaguar carrossées en Italie qu’il avait installé à Montlhéry.
G. Bonnafous
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C’est à Roland Urban que Jean-Claude Ferchaud a acheté la Supersonic il y a une dizaine d’années. Malgré son très faible kilométrage (9400 km), elle se trouvait dans un état très médiocre, la mécanique comme la carrosserie (en aluminium). La voiture a été entièrement démontée et restaurée. Le chantier a duré 18 mois. La sellerie cuir, qui paraît quasiment neuve, est d’origine.
La voiture a conservé son immatriculation d’origine 69 BJ 75. Une anecdote à ce sujet : dans les concours d’élégance, la voiture défilait avec le nombre 66, car la cavalière, qui présentait la voiture en compagnie du soyeux lyonnais, ne voulait pas du 69…
G. Bonnafous
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