Saga Lancia
En 1906, Vincenzo Lancia crée son entreprise à Turin. Innovation, luxe et performances, l’homme donne à la marque sa philosophie pour l’ensemble de son existence.
sommaire :
LANCIA Aprilia
Gilles Bonnafous le 09/09/2005
Digne héritière de la Lambda dans sa démarche systématique d’innovation, l’Aprilia apparaît comme le second chef-d’œuvre de Vincenzo Lancia. « Milestone » de l’histoire de l’automobile, elle est l’une des voitures les plus innovantes jamais créées.
D.R.
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Soucieux de conserver son avance technologique, Vincenzo Lancia souhaite créer un modèle aussi radical que la Lambda, mais de faible cylindrée. Le cahier des charges qu’il a fixé à l’Aprilia est éloquent : habitabilité de cinq personnes pour une longueur inférieure à quatre mètres et un poids inférieur à 900 kilos. Le tout dans une caisse profilée animée par un V4 compact de moins de 1500 cm3, mais plus puissant et plus sobre que celui de l’Augusta.
L’Aprilia reçoit une carrosserie aérodynamique terminée par une insolite poupe en plan incliné, qui lui confère un dos rond. Elle bénéficie également de portes antagonistes sans montant central. Testée dans la soufflerie de la Polytechnique de Turin, la maquette réduite de la voiture affiche un Cx de 0,47 très inférieur à ce qu’on observe alors sur les automobiles (de l’ordre de 0,60). Quant au poids, il est réduit en diminuant l’épaisseur des tôles et en ayant recours à l’aluminium pour le bloc moteur (avec chemises en fonte).
Si l’Aprilia reprend naturellement sa caisse autoportante à la Lambda, elle va plus loin que son illustre modèle grâce à sa suspension à quatre roues indépendantes au système des plus évolués à l’arrière (bras tirés avec barres de torsion transversales et ressort à lames transversal). Cette technique d’avant-garde, l’une des plus complexes jamais montées sur une voiture de série, confère à la voiture une remarquable stabilité.
Sous le capot, on découvre un V4 extrêmement étroit (à 19°) doté d’un arbre à cames en tête unique (avec trois rangées de culbuteurs), de soupapes en V et de chambres de combustion hémisphériques. Si le bloc est en alliage léger, la complexe culasse est réalisée en fonte. Avec une cylindrée de 1351 cm3, cette mécanique ultra moderne développe 48 ch DIN au régime rapide de 4300 tr/mn. Ainsi gréée, et grâce aussi à son poids plume de 880 kilos, l’Aprilia file à 125 km/h.
Lancia
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Dévoilée au salon de Paris de 1936, où elle porte le vocable de Lancia Ardennes sous lequel elle sera fabriquée en France, l’Aprilia fait sensation. Elle sera présentée ensuite aux salons de Londres et de Milan. Technique ultra novatrice et sa ligne agressive, son caractère révolutionnaire provoque l’étonnement mais aussi le scepticisme. Sa commercialisation commence au printemps de 1937.
Hélas, Vincenzo Lancia n’aura pas le loisir de voir évoluer sa dernière création. Il meurt prématurément le 15 février 1937, laissant derrière lui ce véritable testament spirituel.
Lancia
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Les maîtres italiens habillent l’Aprilia de magnifiques carrosseries, dont Touring, Ghia, Bertone, Boneschi, Vignale (avec la première création de Michelotti) et Pinin Farina, auteur d’un étonnant coupé aérodynamique au Cx de 0,40 (160 km/h) construit à plusieurs exemplaires. L’un d’eux participera aux Mille Milles de 1938.
G. Bonnafous
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Deux ans après ses débuts, l’Aprilia voit son moteur remodelé (deuxième série). Le V4 se fait plus étroit (à 17°) et la cylindrée est portée à 1486 cm3 par augmentation de l’alésage et de la course. Les performances n’en sont pas pour autant affectées mais le couple à bas régime est amélioré. Nerveuse — le troisième rapport monte à 85 km/h —, très rigide, cette reine de la route ne connaîtra pas de rivale en compétition dans la classe 1500 cm3.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la production de l’Aprilia reprendra jusqu’en 1949. Les carrossiers italiens se pencheront à nouveau sur la voiture, proposant maintenant des caisses de style ponton : notamment Frua, les Stabilimenti Farina et Pinin Farina. Au total, de 1937 à 1949, la production de l’Aprilia approche les 30 000 exemplaires, dont les Ardennes construites sous licence en France dans l’usine de Bonneuil-sur-Marne en 1937 et 1938.
Lancia Aprilia Cabriolet D.R.
Lancia Aprilia Sport D.R.