- SALON
- RÉTROMOBILE
- RÉTROMOBILE 2002
- LA GALERIE DES DAMIERS
Rétromobile 2002
La Galerie des Damiers
Gilles Bonnafous le 10/02/2002
La Galerie des Damiers présente toujours des voitures rares. En 2002, Christophe Pund a fait très fort avec l'OSI Silver Fox, un extraordinaire catamaran de la route.
La Galerie des Damiers présente toujours des voitures rares ou insolites. En 2002, Christophe Pund a fait particulièrement fort avec l'OSI Silver Fox, un extraordinaire catamaran de la route, que côtoyait un riche assortiment de modèles originaux : barquette Osca MT4, Simca Deho de 1949, CG 548 Spider à compresseur, Lotus 11 et ASA 1000.
OSI SILVER FOX
Malgré son look de voiture de bande dessinée, l'OSI Silver Fox n'a rien d'un délire de professeur Nimbus non rangé des voitures. Elle constitue au contraire un très sérieux véhicule de recherche sur le bifuselage adapté à une machine de compétition. Développé en 1966, ce catamaran de la route a été conçu par Piero Taruffi, ingénieur et pilote, qui gagna notamment les Mille Milles en 1957. La voiture tire son nom de son géniteur, surnommé " le Renard argenté " en raison de son sens tactique de pilote et de sa chevelure grisonnante. Elle a donc reçu une livrée grise et non rouge comme les voitures italiennes.
En collaboration avec Giacomo Bianco, le patron d'OSI, Piero Taruffi s'est donné pour objectif de construire une Sport-prototype conforme à la réglementation de la FIA : biplace, présence d'une roue de secours, emplacement pour une valise, phares conformes au code de la route, etc. Avec comme perspective l'engagement aux 24 Heures du Mans. La voiture est construite sur un châssis caisson en alliage léger avec treillis tubulaire à l'arrière, qui reçoit une carrosserie fruit d'un mélange complexe de résine, de fibre de verre et d'aluminium. Côté mécanique, la Silver Fox reçoit le moteur Alpine 1000 cm3 double arbre de 110 ch.
Etudiée en soufflerie par Prospero Nuvoli, un ingénieur aérodynamicien, l'OSI Silver Fox entend cumuler l'excellente tenue de route d'une Ford GT 40 Mk IV, grâce à ses larges voies, et la finesse de pénétration dans l'air d'une Porsche 904 ou d'une Alpine, dont les voies sont nettement plus étroites (de vingt centimètres). Elle est dotée d'un aileron mobile, qui lui permet de se mettre en appui dans les virages, et d'un aérofrein pour s'arrêter en bout de ligne droite. Prospero Nuvoli et Piero Taruffi avaient même imaginé de monter des freins latéraux pour faire tourner la voiture : mais les essais en soufflerie révélèrent que la voiture s'envolait dans ces conditions !
La Silver Fox fut exposée sur le stand OSI du salon de Turin en novembre 1967. Mais empêtrée dans de graves difficultés financières, la firme OSI fut rachetée par Ghia en 1968 et la voiture ne fut jamais terminée. Piero Taruffi la récupéra, puis la céda à Corrado Cupellini, qui la vendit à Adrien Maeght.
Après qu'elle fut exposée pendant plusieurs années au musée de Mougins, Christophe Pund acquit l'OSI Silver Fox, il y a cinq ans, pour la revendre à l'un de ses clients. L'actuel propriétaire a effectué des recherches, il a retrouvé des témoins de l'époque ainsi que des bleus d'usine. Il compte terminer la voiture (il manque les suspensions, la direction, etc.) afin que l'on puisse (enfin) juger de la pertinence des idées de Piero Taruffi…
OSCA MT4
Cette barquette Osca MT4 1500 a couru par deux fois les Mille Milles et elle s'est classée troisième de sa catégorie au Grand Prix de Caracas en 1957. Elle fut également engagée à Monaco, la seule année où l'épreuve fut disputée en catégorie Sport - elle participa à ce qu'on appelait le Grand Prix de Monte-Carlo, réservé aux deux litres. Equipée d'un moteur de 1350 cm3, elle termina deuxième avec Bordoni au volant. Elle est ainsi la seule OSCA biplace qui ait couru à Monaco (d'autres ont été inscrites sans courir).
La voiture va retourner en Italie, précisément en Sicile, dans la famille de l'un de ses propriétaires de l'époque. Ce sont en effet deux frères qui l'ont achetée après que leur père la posséda dans les années soixante.
SIMCA DEHO
Créées par Roger Deho, les Simca Deho tentèrent de concurrencer les Gordini après la Seconde Guerre mondiale. Bien construites, elles étaient toutefois moins rapides. La voiture proposée par Christophe Pund témoigne de cette qualité de construction : roues Borrani, volant Nardi, carrosserie en aluminium, dont la forme évoque celle des Talbot de Grand Prix (la partie arrière) et de la Maserati 6 CM pour les flancs - Roger Deho posséda une 6 CM avant la guerre. Cette Simca Deho fut engagée en compétition en 1949 et 1950. Pilotée par Roger Loyer, elle courut en 1949 à Reims dans la cour des grandes, en compagnie des Ferrari et Gordini nettement plus puissantes.
CG 548 SPIDER
Après ses premières barquettes, les prototypes MC à moteur central dont le châssis était dû à Matra, CG réalisa ce Spider 548. S'il reprend la forme de la MC, il est toutefois construit sur un châssis classique avec moteur en porte-à-faux arrière. La mécanique est empruntée à la Simca 1000 Rallye 2 mais équipée d'un compresseur.
Des cinq barquettes 548 construites, il ne reste que trois exemplaires, dont deux en état de marche (la troisième est en restauration). Celle de Christophe Pund est la seule dotée de son compresseur. Elle a participé au Critérium des Cévennes, au Rallye du Var et à des courses de côte dans le Sud-Ouest de la France. Très amusante à conduire, elle freine très tard grâce notamment à son poids plume de 548 kilos, d'où son appellation de 548 Spider.
LOTUS 11
Découverte en Suisse, cette barquette Lotus 11 est présentée dans son jus - la mécanique, un Coventry Climax, est manquante. Il s'agit d'une série 2 Le Mans, c'est-à-dire une voiture équipée de freins à disques, d'une suspension avant triangulée et d'un pont de Dion - le meilleur car le plus évolué des six modèles de Lotus 11.
ASA 1000
Carrossée par Bertone, l'ASA 1000, baptisée au moment de son lancement " la petite Ferrari ", est une jolie et sympathique petite voiture hélas méconnue - et rare. La voiture exposée présente la particularité d'être équipée d'une carrosserie en aluminium spécifique de la version course. Pour le reste, il s'agit du modèle normal de (Grand) Tourisme, ses surfaces vitrées étant en verre et non en plexiglas. Il paraît quasiment sûr qu'elle a appartenu à Pierre Bardinon, qui l'avait achetée dans les années soixante. Demeurée française depuis lors, elle se présente dans un excellent état d'origine et bénéficie d'un très faible kilométrage. On l'a vue notamment au Louis Vuitton Classic 2001. L'ASA 1000 est éligible à la Targa Florio historique.