Essai CHRYSLER Crossfire cabriolet
Jean-François Destin le 23/12/2004
Avec ce roadster d'apparat, Chrysler marque des points sérieux. Sa ligne indémodable et ses prestations routières en font un modèle à part.
Présentation
Troisième constructeur américain, désormais sous la houlette de Mercedes, Chrysler illumine depuis plus de 10 ans le Salon de Détroit avec ses concept-cars, à la fois spectaculaires, inspirés et réalistes. En 2005 ont été ainsi dévoilées la Jeep Gladiator et la Firepower. Une mine d'or chaque début d'année pour la presse spécialisée d'autant que bon nombre de ces études de styles passent régulièrement au stade industriel. C'est donc tout naturellement dans cette capitale de l'auto US du Michigan que Chrysler a lancé le coupé Crossfire (en 2001) puis la version cabriolet (2004) essayée ici.
Architecturé sur la plate-forme du SLK Mercedes (l'ancien modèle), la Chrysler Crossfire en version découvrable aurait pu également bénéficier du toit rigide escamotable. Cette solution coûteuse n'a pas été retenue pour pouvoir afficher des prix concurrentiels. Exclusivement assemblée chez Karmann en Allemagne, la Chrysler Crossfire est sans doute l'un des roadsters les plus pimentés que l'on puisse s'offrir. Son design ciselé ne laisse personne indifférent, à preuve le regard étonné des témoins sur notre itinéraire d'essai. Cette sportive à la fois américaine et européenne vit bien son métissage car au volant, sa tenue de route, son confort et ses performances permettent à ceux qui ne sont pas forcément des pilotes chevronnés de s'amuser sans retenue et sans risques. Etonnant pour un modèle à propulsion d'inspiration US.
Très réussi également le cockpit, même si on peut déplorer une absence quasi totale de rangements. En revanche, la capote trop basique génère des bruits importants à haute vitesse et son système semi- automatique d'ouverture et fermeture laisse sérieusement à désirer. Vraiment dommage. Comme le coupé, le roadster est proposé avec un V6 Mercedes de 218 chevaux (39.500 € et 41.000 € avec boite automatique) mais depuis novembre 2004, les deux modèles bénéficient d'un V6 à compresseur de 330 chevaux (prix : 51.800 € et 53.000€ avec BA). Une extension de gamme aurait été préférable vers le bas au travers d'une version quatre cylindres à prix serré, beaucoup d'acheteurs potentiels séduits par le design hésitant à prendre un modèle à 6 cylindres en raison du prix des carburants.
Design
Compact, racé, musclé et pourtant élégant et raffiné : le Crossfire cabriolet reprend tous les atouts esthétiques du coupé en y ajoutant le côté ludique et plein air lié à la présence de la capote. Même avec sa capote fermée, il a une allure folle ; les galbes du long capot et les flancs (avec les ouïes à lamelles en arrière des roues avant), la bonne intégration des pare-chocs boucliers, une poupe agrémentée de feux au dessin harmonieux et les mises en valeur du beau sigle ailé sur le couvercle du coffre et du troisième feu horizontal très fin à la pointe d'un becquet arrière amovible (à partir de 80 km/h) sont le résultat d'un travail minutieux. Censé donner de l'appui au train arrière, il ne sert à rien aux allures de croisière mais perturbe sérieusement la visibilité dans le rétro malgré la présence d'une vitre arrière en verre. A noter encore la double sortie d'échappement au centre sous la jupe arrière.
Découvert, le Crossfire Roadster ne perd rien de son charme, les arceaux de sécurité derrière les appuis-tête restant très discrets.
Habitacle
Aussi original et décalé que la silhouette extérieure, l'habitacle est divisé en deux par une large console centrale recouvert d'un beau plastique façon alu. On retrouve ce matériau argent satiné pour la visière entourant les trois cadrans principaux et pour les clenches de portières. Le volant mérite aussi une bonne note tout comme les sièges bien enveloppants et confortables. Sans être étriqué, l'habitacle confine un peu les occupants sans qu'il s'agisse d'un réel défaut, voiture de sport oblige. En revanche, on ne peut rien ranger sauf quelques revues derrière les dossiers, le portable trouvant refuge …dans le cendrier !
Côté capote, Chrysler a carrément failli. A mi-chemin entre l'automatisme intégral et la capote manuelle, le système retenu n'est en rien satisfaisant. Pour ouvrir, il faut fermement débloquer puis tourner une grosse poignée avant d'appuyer sur un bouton pour enclencher le pliage dans le coffre. Une opération bruyante d'environ 22 secondes. A l'inverse, lorsque la capote est revenue à portée de main, il faut attraper la poignée et la tourner pour déclencher une fermeture brutale assortie d'un claquement. Inadmissible.
Châssis / moteur
D'inspiration Mercedes, le châssis s'avère très équilibré par le jeu d'un long empattement, de voies larges et de trains roulants modernes associés à des pneus de généreuses dimensions. La rigidité exemplaire (responsable en partie du poids élevé) fait aussi partie des points forts. Avec juste raison, Chrysler n'a pas joué à fond la carte sportive, préférant ménager le confort des occupants par des débattement de suspensions plus amples. Au volant de ce roadster, on flâne, on se montre, on prend son temps mais un déplacement rapide n'est pas inenvisageable, l'ESP couplé à l'antipatinage assurant une surveillance permanente. Un gage de sérieux pour une propulsion puissante restant toujours facile à piloter et à maîtriser.
Hérité de l'ancien SLK, le V6 Mercedes 3.2l de 218 chevaux se montre très agréable. Mélodieux en reprises et en accélérations, disponible, il se prête à tous les types de conduite sans réclamer trop de carburant. Seules déceptions : la fermeté et le mauvais guidage de la commande de boite mécanique. De plus, les deux derniers rapports un peu longs obligent, en cas de rupture d'allure du trafic, de reprendre parfois la quatrième pour retrouver du couple. Il est donc préférable d'opter pour la transmission automatique.
Sur la route
Très facile à prendre en mains parce que maniable et compact, le Crossfire est utilisable au quotidien et surtout en ville où son exceptionnel rayon de braquage fait merveille. Sa tenue de route rassurante et son confort étonnant (compte tenu des pneus à profil bas) autorisent de longues étapes mais rouler vite capoté interdit d'allumer l'autoradio tant le bruit de la capote s'amplifie. Par beau temps, la solution consiste à rouler à ciel ouvert mais les courants d'air vous en dissuaderont très vite à moins de s'offrir le pare-vent en supplément.
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Equipements
En plus des équipements standards, se trouvent en série : les sièges conducteur et passager en cuir et chauffants, le régulateur de vitesse, le système audio avec amplificateur numérique 240 watts (six HP dont 2 caissons de basses), la climatisation semi-automatique bi-zones, le correcteur électronique de trajectoire ESP, l'antipatinage (Traction Control), le kit anti-crevaison Tirefit avec compresseur de gonflage, le système d'immobilisation Sentry Key et les jantes en alliage d'alu à sept rayons.